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ET M. DE FONCEMAGNE. 329

Nous invitons le lecteur à lire ce que dit M, de Voltaire sur ce sujet ^ : il nous paraît qu'il s'explique en véritable citoyen.

Nous remarquons ici que le célèbre auteur de l'Esprit des lois n'a que trop abusé de ce passage du Testament politique-. « Si dans le peuple, dit-il, il se trouve quelque malheureux honnête homme, le cardinal de Richelieu insinue qu'un monarque doit se garder de s'en servir : tant il est vrai que la vertu n'est pas le ressort de ce gouvernement ! »

Il met en marge que <( le Testament politique a été fait sous les yeux et sur les mémoires du cardinal de Richelieu par MM. de Bourzeis et de..., qui lui étaient attachés ».

Nous convenons avec M. de Montesquieu que l'abbé de Rour- zeis fit ce testament, mais non pas sous les yeux du cardinal. Nous convenons encore moins que le testament dise ce que M. de Montesquieu lui fait dire. Il le cite ainsi en marge : « Il ne faut, y est-il dit, se servir de gens de bas lieu ; ils sont trop aus- tères et trop difficiles. » Ce n'est pas citer exactement. Le testa- ment dit dans cet endroit que les hommes d'une basse naissance sont d'ordinaire difficiles et d'une austérité épineuse : il ne dit point qu'il ne faut pas se servir d'un pauvre honnête homme ; et il se contredit dans le moment d'après, en disant « qu'un pauvre magistrat est trop exposé à se laisser amollir».

Ainsi l'auteur du testament tombe dans des contradictions, et l'auteur de l'Esprit clés lois dans une grande erreur, et surtout dans une erreur très-odieuse, en supposant que la vertu n'entre jamais dans le gouvernement monarchique. Il ne faut point être flatteur, mais il ne faut point être satirique. C'est encourager au crime que de représenter la vertu comme inutile ou comme im- possible.

Rapportons ici le passage qui se trouve dans une note du Siècle cle Louis XIV^.

« Il est dit dans l'Esprit des lois qu'il faut plus de vertu dans une république ; c'est en un sens tout le contraire : il faut beau- coup plus de vertu dans une cour pour résister à tant de séduc- tions. Le duc de Montausier, le duc de Reauvilliers, étaient des hommes d'une vertu très-austère ; le maréchal de Villeroi joignit des mœurs plus douces à une probité non moins incorruptible ; le marquis de Torcy a été un des plus honnêtes hommes de l'Eu-

��1. Voyez page 301.

2. Esprit des lois, chap. v, liv. III, dernières lignes. {Note de Voltaire.)

3. Tome XIV, page 394, à la note.

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