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330 ARBITRAGE ENTRE M. DE VOLTAIRE

rope, dans une place où la politique permet le relâchement dans la morale; les contrôleurs généraux Le Pelletier et Ghamillart passèrent pour être moins habiles que vertueux.

« Il faut avouer que Louis XIV, dans cette guerre malheureuse, ne fut guère entouré que d'hommes irréprochables. C'est une observation très-vraie et très-importante dans une histoire où les mœurs ont tant de part. »

Tout ce passage est dans la plus exacte vérité ; nous croyons qu'on ne peut trop le citer. Il est si beau qu'il se soit trouvé dans une cour tant d'hommes vertueux à la fois, cela est si honorable pour la nation et pour le beau siècle de Louis XIV, si encoura- geant pour tous les siècles, qu'il y aurait de l'injustice et de l'in- gratitudc à ne savoir pas quelque gré à l'auteur d'avoir, seul de tous les historiens, démêlé et mis dans son jour cette vérité utile au genre humain.

Saisissons avec plaisir cette occasion d'observer que, dans tous ses ouvrages, M. de Voltaire a toujours eu pour objet la vérité et la vertu. Sa Henriade, ses tragédies, ses histoires, respi- rent l'humanité, la bienfaisance, l'indulgence; il a toujours rendu justice au mérite malheureux et à la vérité persécutée. Nul auteur n'a jamais détruit plus de calomnies ; nul en écrivant l'histoire n'a jamais tant confondu les auteurs des libelles. Nous devons faire pour lui ce qu'il a fait pour tant d'autres ; nous devons la vérité à celui qui l'a dite.

11° Nous n'entrons point ici dans la discussion des atteintes que le Testament politique (page 217) donne aux parlements du royaume. Il n'était pas hors de vraisemblance que le cardinal de Richelieu eût de tels sentiments \ mais aussi il est très-vraisem- blable que l'auteur, en conseillant au roi d'envoyer dans les pro- vinces des conseillers d'État et des maîtres des requêtes pour rendre la justice, écrivait après l'année 1665, lorsque Louis XIV eut fait tenir les grands jours dans quelques provinces par une commission extraordinaire. Il n'est guère possible qu'alors on eût suivi en cela les instructions du cardinal de Richelieu, dont le testament ne parut qu'en 1688 ; et il est assez naturel que l'au- teur, déguisé sous le nom du cardinal, ait conseillé ce qu'on venait de faire.

12° Après avoir lu attentivement le chapitre intitulé du Conseil du prime, nous sommes forcés d'avouer notre extrême étonne-

1. Voltaire tenait un autre langage en 1749. A cette heure, il est aux prises avec les parlements. (G. A.)

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