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332 ARBITRAGE ENTRE M. DE VOLTAIRE

ait fait son Tclèmaque, et que Richelieu puisse être lavé du soup- çon d'avoir fait ce testament.

Venons enfin au peu d'articles qui regardent précisément la France,

15° II est dit, au chapitre ix (section v) de la Puissance sur mer, non-seulement que « la Provence a beaucoup plus de grands ports et de plus assurés que l'Espagne et l'Italie ensemble » : ce que M. de Voltaire a très-bien relevé ; mais on assure encore que « la Bretagne contient les plus beaux ports qui soient dans l'Océan » : ce que M. de Voltaire ne devait pas moins reprendre.

Nous sommes entièrement de son avis sur cette exagération insoutenable, dont il n'a pas cru que le surintendant des mers pût être capable, et tout le reste de ce chapitre nous a paru être d'un homme qui affecte de connaître le mistral et la tramontane, et qui n'a aucune connaissance de la mer.

16" Sur l'article du commerce, il nous paraît bien difficile que le cardinal de Richelieu soit entré dans le détail des soies et des cotons filés. Il se serait bien trompé s'il avait dit ( page 1 30) que les velours rouges, violets, et tannés, se fabriquaient à Tours beau- coup plus beaux qu'à Gênes : ce qui est d'une fausseté reconnue par tous les marchands. On ne peut non plus soupçonner le car- dinal d'avoir dit qu'il n'y avait point d'établissement à faire en Amérique.

17° La section vu (page lU) annonce le projet de ((décharger le peuple des trois quarts du faix qui l'accable maintenant)). Ce titre ressemble plutôt, il faut l'avouer, au projet d'un citoyen oisif, effrayé des charges de l'État, qu'aux idées justes d'un grand ministre qui sentirait l'impossibilité de diminuer les trois quarts de ces charges.

Nous ne pouvons condamner le doute que M. de Voltaire a élevé au sujet des comptants : on sent assez qu'il n'est pas natu- rel qu'un ministre traite d'illicites des ordonnances qu'il signait lui seul, et qu'il s'accuse lui-même de péculat.

18° Nous avons lu attentivement ce projet de finances ; nous avons été bien étonnés de la proposition de retrancher toutes les pensions (page 161), et de réduire (même page) le comptant du roi à trois cent mille livres, tandis qu'à la page U5 il réduit ce même comptant à un million d'écus d'or. Cette énorme contra- diction nous a paru impossible dans un ministre tel que le cardinal.

Il n'y a pas moyen de rien comprendre à la page 172 et sui- vantes, dans lesquelles on prc^i^ose de rembourser trente millions de capitaux de rentes. (( La suppression, dit l'auteur, d'un capital

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