Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/396

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parce que ce sont ceux qui exercent le plus notre foi. Dès qu’on croit un miracle moins révoltant, on doit croire tous les autres, quand c’est le même livre qui nous les certifie.

Ayez la bonté, monsieur, de m’apprendre si je ne vais pas trop loin. Il y a des gens qui distinguent les miracles dont on est d’accord, ceux qu’on nie, ceux dont on est en doute. Pour moi, je les admets tous, ainsi que vous-même. Je crois surtout avec vous le miracle éternel de la consubstantialité, non-seulement parce qu’il est contraire à ma raison, mais parce que je ne peux m’en former aucune idée ; et j’ose dire que j’admettrais (Dieu me pardonne !) le miracle de la transsubstantiation si le saint concile de Nicée et le modéré saint Athanase l’avaient enseigné.

J’ai l’honneur d’être, etc.


AVERTISSEMENT[1].

Monsieur le proposant ayant écrit ces trois lettres à M. le professeur R…, son ami, ce professeur, profondément pénétré de la candeur et de la sincérité du proposant, communiqua ces lettres à quelques personnes pieuses, sages, et tolérantes : elles parvinrent au sieur Needham, jésuite irlandais, qui était alors à Genève, et qui servait de précepteur à un jeune Irlandais. Needham fit imprimer les trois lettres, pour avoir le mérite d’y répondre : on ne sut pas d’abord que cette réponse fût de lui. Nous dirons dans la suite de ce recueil à quelle occasion M. Théro aparlé d’anguilles au jésuite Needham, et quelle figure l’illustre M. Covelle a faite dans cette savante dispute. Il suffit à présent de savoir que Needham donna absolument incognito la réponse qu’on va lire si on peut.


EXTRAIT DE LA RÉPONSE DE NEEDHAM
à m. le proposant[2].

Avant de s’engager dans une discussion qui demande un certain degré de science, on doit commencer par acquérir les connaissances nécessaires[3].

  1. Cet Avertissement est de Voltaire. Je le rétablis tel qu’il est dans la Collection de 1765, où il parut pour la première fois, et dans l’édition de 1767. (B.)
  2. Voyez, dans l’Avertissement de Beuchot, le titre de cette Réponse, dont on ne donne ici que des extraits.
  3. Acquérez-les donc. (Note de Voltaire.)