Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/438

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lettres, j’apprends que ces pierres se changeront en pelotes de neige, et que tout s’adoucira par la haute prudence du petit et grand conseil, des citoyens et bourgeois.

S’il y a quelque chose de nouveau sur les anguilles et sur les miracles, je vous prie de m’en faire part.

On dit qu’on commence à penser dans les rues hautes et dans les rues basses ; cela me fait frissonner : nous autres prêtres, nous n’aimons pas que l’on pense ; malheur aux esprits qui s’éclairent ! honneur et gloire aux pauvres d’esprit ! Réunissons-nous tous deux, monsieur, contre tous ceux qui font usage de leur raison ; après quoi nous nous battrons pour les absurdités réciproques qui nous divisent.

Tâchez d’observer avec votre microscope l’étoile des trois rois qui va paraître[1] ; j’observerai de mon côté : je baise les mains au bœuf et à l’âne. Soyez toujours la pierre angulaire de l’Église d’Irlande, comme moi de Boveresse.

Je suis le plus particulièrement du monde,

Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant
serviteur,
MONTMOLIN.

SEIZIÈME LETTRE.
par m. beaudinet, citoyen de neufchâtel, à m. covelle,
citoyen de genève.

Monsieur,

Le 9 septembre au matin, je rencontrai dans Neufchâtel M. le pasteur Montmolin, Je ne pus m’empêcher de lui marquer ma surprise de la lapidation de Moutier-Travers. Il me répondit que c’était son droit, et que les prêtres devaient punir les pécheurs. « Pierre, dit-il, fit mourir d’apoplexie Ananiah et Saphirah[2], qui n’avaient d’autre crime que de n’avoir pas apporté à ses pieds jusqu’à la dernière obole de leur bien. Il est clair que depuis Ce temps-là les prêtres ont droit de vie et de mort sur les laïques ;

  1. Ceci semble indiquer que cette lettre, qui, comme je l’ai dit, parut la dix-neuvième, fut écrite vers le 25 décembre. (B.)
  2. Actes, chapitre v.