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CHAPITRE XXXI.


par le fondement ; cela est difficile : ces gens-là n’étaient pas anatomistes. Mais saint Macaire ayant oublié de demander la paix de l’Église chrétienne, Dieu ne la donna jamais. Constantin, quelque temps après, mourut entre les bras d’un prêtre arien ; apparemment que saint Macaire avait encore oublié de prier Dieu pour le salut de Constantin.


CHAPITRE XXXII.

DES ENFANTS DE CONSTANTIN, ET DE JULIEN LE PHILOSOPHE, SURNOMMÉ L’APOSTAT PAR LES CHRÉTIENS.[1]

Les enfants de Constantin furent aussi chrétiens, aussi ambitieux, et aussi cruels que leur père ; ils étaient trois qui partagèrent l’empire, Constantin II, Constantius, et Constant. L’empereur Constantin Ier avait laissé un frère, nommé Jule, et deux neveux, auxquels il avait donné quelques terres. On commença par égorger le père, pour arrondir la part des nouveaux empereurs. Ils furent d’abord unis par le crime, et bientôt désunis. Constant fit assassiner Constantin, son frère aîné, et il fut ensuite tué lui-même.

Constantius, demeuré seul maître de l’empire, avait exterminé presque tout le reste de la famille impériale. Ce Jule, qu’il avait fait mourir, laissait deux enfants, l’un nommé Gallus, et l’autre le célèbre Julien. On tua Gallus, et on épargna Julien, parce qu’ayant du goût pour la retraite et pour l’étude on jugea qu’il ne serait jamais dangereux.

S’il est quelque chose de vrai dans l’histoire, il est vrai que ces deux premiers empereurs chrétiens, Constantin, et Constantius son fils, furent des monstres de despotisme et de cruauté. Il se peut, comme nous l’avons déjà insinué, que, dans le fond de leur cœur, ils ne crussent aucun Dieu ; et que, se moquant également des superstitions païennes et du fanatisme chrétien, ils se persuadassent malheureusement que la Divinité n’existe pas, parce que ni Jupiter le Crétois, ni Hercule le Thébain, ni Jésus le Juif, ne sont des dieux.

Il est possible aussi que des tyrans, qui joignent presque tou-

  1. Voyez tome XVII, page 316 ; XIX, 541 ; voyez le Portrait de Julien, à la tête du Discours de l’empereur Julien ; et les chapitres XX et XXI de l’Histoire de l’établissement du christianisme.