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CONCLUSION.


suffit, pour le présent, que notre Église soit contenue dans ses bornes. Plus les laïques seront éclairés, moins les prêtres pourront faire de mal. Tâchons de les éclairer eux-mêmes, de les faire rougir de leurs erreurs, et de les amener peu à peu jusqu’à être citoyens[1].


  1. Il n’est pas possible à l’esprit humain, quelque dépravé qu’il puisse être, de répondre un mot raisonnable à tout ce qu’a dit milord Bolingbroke. Moi-même, avec un des plus grands mathématiciens de notre île, j’ai essayé d’imaginer ce que les christicoles pourraient alléguer de plausible, et je ne l’ai pu trouver. Ce livre est un foudre qui écrase la superstition. Tout ce que nos divines (divine, en anglais, signifie théologien) ont à faire, c’est de ne prêcher jamais que la morale, et de rendre à jamais le papisme exécrable à toutes les nations. Par là, ils seront chers à la nôtre. Qu’ils fassent adorer un Dieu, et qu’ils fassent détester une secte abominable fondée sur l’imposture, la persécution, la rapine, et le carnage ; une secte l’ennemie des rois et des peuples, et surtout l’ennemie de notre constitution, de cette constitution la plus heureuse de l’univers. Il a été donné à milord Bolingbroke de détruire des démences théologiques, comme il a été donné à Newton d’anéantir les erreurs physiques. Puisse bientôt l’Europe entière s’éclairer à cette lumière ! Amen. À Londres, le 18 mars 1767. Mallet. (Note de Voltaire. 1771.) — Mallet était mort en 1765.