Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DU NOUVEAU TESTAMENT. 349

la vérité et les bonnes mœurs se concilient avec la sainte Écri- ture. C'est ainsi qu'en ont usé tous les Pères de l'Église ; c'est ainsi que nous agissons tous les jours dans le commerce de la vie : nous interprétons toujours favorablement les discours de nos amis et de nos partisans ; traiterons-nous avec plus de dureté les saints livres des Juifs, qui sont l'objet de notre foi? Enfin, lisons lesbvres juifs pour être chrétiens; et s'ils ne nous rendent pas plus savants, qu'ils servent au moins à nous rendre meilleurs.

��QUATRIÈME HOMÉLIE.

SUR l'interprétation du nouveau testament. Mes Frères,

Il est dans le Nouveau Testament, comme dans l'Ancien, des profondeurs qu'on ne peut sonder, et des sublimités où la faible raison ne peut atteindre. Je ne prétends ici ni concilier les Évangiles qui semblent quelquefois se contredire, ni expliquer des mys- tères qui, de cela même qu'ils sont mystères, doivent être inex- plicables. Que des hommes plus savants que moi examinent si la sainte Famille se transporta en Egypte après le massacre des en- fants de Bethléem, selon saint Matthieu; ou si elle resta en Judée, selon saint Luc; qu'ils recherchent si le père de Joseph s'appelait Jacob, son grand-père Mathan, son bisaïeul Éléazar ; ou bien si son bisaïeul était Lévi, son grand-père Mathat, et son père Héli; qu'ils disposent, selon leurs lumières, de cet arbre généalo- gique : c'est une étude que je respecte. J'ignore si elle éclairera mon esprit, mais je sais bien qu'elle ne peut parler à mon cœur. La science n'est pas la vertu. Paul, apôtre, dit lui-même, dans sa première Épitre a Timothée\ qu'il ne faut pas s'occuper des généalogies. Nous n'en serons pas plus gens de bien quand nous saurons précisément quels étaient les aïeux de Joseph, dans quelle année Jésus vint au monde, et si Jacques était son frère ou son cousin germain. Que nous servira d'avoir consulté tout ce qui nous reste des annales romaines, pour voir si en effet Auguste ordonna qu'on fit un dénombrement des peuples de toute la terre quand Marie était enceinte de Jésus, quand Quirinus était gouverneur de la Syrie, et qu'Hérode régnait encore en

I. Verset 4.

��I

�� �