disposées que dans l’origine. Ce n’est d’ailleurs qu’en les reproduisant en corps d’ouvrage que je pouvais placer convenablement les réflexions et pièces qui les suivent.
M. de Voltaire aurait dit citer le passage où Jean-Jacques dit qu’il lui faut une statue. C’est à la page 127 de sa lettre à monsieur l’archevêque de Paris, imprimée à Amsterdam chez Marc-Michel Rey, en 1763. Voici les propres paroles :
« Oui, je ne crains point de le dire, s’il existait en Europe un seul gouvernement vraiment éclairé, un gouvernement dont les vues fussent vraiment utiles et saines, il m’eût rendu des honneurs publics, il m’eût élevé des statues. »
Ainsi M. de Voltaire se trompe en disant que Jean-Jacques croit que la moitié de l’univers est occupée à lui dresser des statues. M. Jean-Jacques semble dire positivement le contraire, car il prétend qu’il n’y a qu’un gouvernement éclairé qui doive le faire sculpter en marbre ou en bronze ; et comme il dit du mal de tous les gouvernements à tort et à travers, on voit bien que, s’il est sculpté, ce doit être dans la posture où l’on ne voit que la tête et les mains d’un homme dans la machine de bois élevée au milieu du marché de Londres.
Jean-Jacques Rousseau fut accueilli à Paris avec quelque bonté ; mais il se brouilla bientôt avec presque tous ceux auxquels il avait obligation. On sait comment il sortit de la maison qu’un fermier général et madame sa femme[2] lui avaient accordée au village de Montmorency, maison dans laquelle il était nourri, chauffé, éclairé à leurs dépens, et où l’on avait la délicatesse de lui laisser ignorer tant de bienfaits, ou du moins on lui fournissait le prétexte de feindre de l’ignorer.
Il s’attira tellement la haine de tous les honnêtes gens qu’il