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LE DÎNER DU COMTE DE BOULAINVILLIERS.


de nous donner l’Histoire de la philosophie[1], dit, au tome III, page 299 : « La faculté de théologie me paraît le corps le plus méprisable du royaume ; » il deviendrait un des plus respectables s’il se bornait à enseigner Dieu et la morale. Ce serait le seul moyen d’expier ses décisions criminelles contre Henri III et le grand Henri IV.

Les miracles que les gueux font au faubourg Saint-Médard peuvent aller loin si M. le cardinal de Fleury n’y met ordre. Il faut exhorter à la paix, et défendre sévèrement les miracles,

La bulle monstrueuse Unigenitus peut encore troubler le royaume. Toute bulle est un attentat à la dignité de la couronne et à la liberté de la nation.

La canaille créa la superstition ; les honnêtes gens la détruisent.

On cherche à perfectionner les lois et les arts ; peut-on oublier la religion ?

Qui commencera à l’épurer ? Ce sont les hommes qui pensent. Les autres suivront.

N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle, et que les sages n’en aient pas ? Il faut être prudent, mais non pas timide.

FIN DU DÎNER DU COMTE DE BOULAINVILLIERS.
  1. L’Histoire critique de la philosophie parut, pour la première fois, en 1737, sans nom d’auteur, 3 vol. in-12. L’édition de 1756, 4 vol. in-12, porte le nom de Deslandes.