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INSTRUCTIONS

À ANTOINE-JACQUES RUSTAN[1]


Si vous vouliez être véritablement utile à vos frères, nous vous exhorterions à écrire sagement contre ceux des théistes qui se sont écartés de la religion chrétienne ; mais en les réfutant, que ce soit avec sagesse et avec charité : faites quelques pas vers eux, afin qu’ils viennent à nous. Si vous combattez l’erreur, rendez justice au mérite.

N’écrivez qu’avec respect contre le curé Meslier[2], qui demanda pardon en mourant d’avoir enseigné le christianisme ; il n’aurait pas eu ces remords s’il avait enseigné un seul Dieu ainsi que Jésus.

Vous ne gagnerez rien à vomir des injures contre milord Herbert, milord Shaftesbury, milord Bolingbroke, le comte de Boulainvilliers, le consul Maillet, le savant et judicieux Bayle, l’intrépide Hobbes, le hardi Toland, l’éloquent et ferme Trenchard, l’estimable Gordon, le savant Tindal, l’adroit Middleton, et tant d’autres.

Ce n’est pas une petite entreprise de répondre à l’Examen important[3], au Catéchisme de l’honnête homme[4], au Militaire philosophe[5],

  1. Ces Instructions ont été publiées en même temps que les Remontrances qui précèdent, et à leur suite.
  2. Voyez l’Extrait de ses sentiments, tome XXIV, page 293.
  3. L’Examen important de milord Bolingbroke est au tome XXVI, page 105, de la présente édition.
  4. Le Catéchisme de l’honnéte homme est au tome XXIV, page 523, de la présente édition.
  5. D’un manuscrit anonyme intitulé Difficultés sur la religion proposées au sieur Malebranche, Naigeon composa le Militaire philosophe, qu’il publia en 1767 sans aucun nom d’auteur.

    En octobre 1767, on introduisait cet ouvrage, en le mêlant par lambeaux dans les feuilles du Courrier du Bas-Rhin. Une nouvelle édition parut en 1768 ; une autre en 1770, etc. (B.)