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176 CHAPITRE XXXI.

grotte du chien près de Naples, Bien plus, ces vapeurs tuent l’homme dans qui l’air libre entretenait la vie.

Les ennemis de l’air trouvent leur excuse dans ce seul mot de vapeurs grossières. Ils disent que, lorsque ces vapeurs sont plus ténues, elles deviennent salutaires, et qu’alors, loin d’éteindre un flambeau, elles entretiennent sa faible flamme.

Ce système semble avoir un grand avantage sur celui de l’air, en ce qu’il rend parfaitement raison de ce que l’atmosphère ne s’étend qu’environ à trois ou quatre milles tout au plus; au lieu que, si on admet l’air, on ne trouve nulle raison pour laquelle il ne s’étendrait pas beaucoup plus loin, et n’embrasserait pas l’orbite de la lune^.

La plus grande objection que l’on fasse contre les systèmes des exhalaisons du globe est qu’elles perdent leur élasticité dans la pompe à feu quand elles sont refroidies; au lieu que l’air est, dit-on, toujours élastique. Mais premièrement il n’est pas vrai que l’élasticité de l’air agisse toujours; son élasticité est nulle quand on le suppose en équilibre; et, sans cela, il n’y a point de végétaux et d’animaux qui ne crevassent et n’éclatassent en cent morceaux si cet air, qu’on suppose être dans eux, conservait son élasticité. Les vapeurs n’agissent point quand elles sont en équilibre-; c’est leur dilatation qui fait leurs grands effets. En un mot, tout ce qu’on attribue à l’air semble appartenir sensiblement, selon ces philosophes, aux exhalaisons de notre globe.

Si on leur objecte que l’air est quelquefois pestilentiel, c’est bien plutôt des exhalaisons qu’on doit le dire. Elles portent avec elles des parties de soufre, de vitriol, d’arsenic, et de toutes les plantes nuisibles. On dit : L’air est pur dans ce canton; cela signifie : Ce canton n’est point marécageux; il n’a ni plantes ni minières pernicieuses dont les parties s’exhalent continuellement dans les corps des animaux. Ce n’est point l’élément prétendu de l’air qui rend la campagne de Rome si malsaine; ce sont les eaux croupissantes, ce sont les anciens canaux qui, creusés sous terre de tous côtés, sont devenus le réceptacle de toutes les bêtes veni- meuses. C’est de là que s’exhale continuellement un poison mortel.

1. L’air ne contient que très-pou de ces exhalaisons aqueuses. Leur élasticité est presque nulle. Cette comparaison du fusil à vent et des pompes ne peut empor- ter de conviction puisque les circonstances ne sont pas les mêmes.

Les exhalaisons du vin nouveau sont de l’acide carbonique, si connu aujour- d’hui. On avait, du temps de Voltaire, des appréciations erronées sur l’épaisseur de l’atmosphère; on l’évalue aujourd’hui à vingt-cinq lieues environ. (D.)

2. Erreur. Un ressort tendu, mais en équilibre, n’a-t-il pas de tension? Plus bas Voltaire s’explique. (D.)

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