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CHAPITRE IX.


tionner ensuite à Rome dans d’autres guerres civiles du temps de César, et qu’ils renaissent encore, dans notre xve et xvie siècle de l’ère vulgaire, parmi les troubles de l’Italie.


CHAPITRE IX.
époque d’alexandre.

[1]Après cette guerre du Péloponèse, décrite par Thucydide, vient le temps célèbre d’Alexandre, prince digne d’être élevé par Aristote, qui fonde beaucoup plus de villes que les autres conquérants n’en ont détruit, et qui change le commerce de l’univers.

De son temps et de celui de ses successeurs florissait Carthage ; et la république romaine commençait à fixer sur elle les regards des nations. Tout le nord et l’occident sont ensevelis dans la barbarie. Les Celtes, les Germains, tous les peuples du nord, sont inconnus[2].

Si Quinte-Curce n’avait pas défiguré l’histoire d’Alexandre par mille fables, que de nos jours tant de déclamateurs ont répétées, Alexandre serait le seul héros de l’antiquité dont on aurait une histoire véritable. On ne sort point d’étonnement quand on voit des historiens latins, venus quatre cents ans après lui, faire assiéger par Alexandre des villes indiennes auxquelles ils ne donnent que des noms grecs, et dont quelques-unes n’ont jamais existé.

Quinte-Curce, après avoir placé le Tanaïs au delà de la mer Caspienne, ne manque pas de dire que le Gange, en se détournant vers l’orient, porte, aussi bien que l’Indus, ses eaux dans la mer Rouge, qui est à l’occident. Cela ressemble au discours de Trimalcion[3], qui dit qu’il a chez lui une Niobé enfermée dans le cheval de Troie ; et qu’Annibal, au sac de Troie, ayant pris toutes les statues d’or et d’argent, en fit l’airain de Corinthe.

On suppose qu’il assiége une ville nommée Ara, près du fleuve Indus, et non loin de sa source. C’est tout juste le grand chemin de la capitale de l’empire, à huit cents milles du pays où l’on

  1. Les deux premiers alinéas de ce chapitre étaient aussi, en 1765, dans l’Encyclopédie, et ne sont pas dans les premières éditions du Pyrrhonisme. Dans l’Encyclopédie, en 1765, après les mots sont inconnus on lisait : L’histoire de l’empire romain, etc. ; voyez ci-après, chap. XI.
  2. Voyez l’article Alexandre, dans le Dictionnaire philosophique.
  3. Dans la satire de Pétrone ; voyez ci-après, chap. XIV.