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CHAPITRE XI.


CHAPITRE XI.
des autres peuples nouveaux.

La Grèce et Rome sont des républiques nouvelles en comparaison des Chaldéens, des Indiens, des Chinois, des Égyptiens.

L’histoire de l’empire romain est ce qui mérite le plus notre attention, parce que les Romains ont été nos maîtres et nos législateurs. Leurs lois sont encore en vigueur dans la plupart de nos provinces ; leur langue se parle encore, et, longtemps après leur chute, elle a été la seule langue dans laquelle on rédigea les actes publics en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Angleterre, en Pologne.

Au démembrement de l’empire romain en Occident commence un nouvel ordre de choses, et c’est ce qu’on appelle l’histoire du moyen âge : histoire barbare des peuples barbares, qui, devenus chrétiens, n’en deviennent pas meilleurs.

Pendant que l’Europe est ainsi bouleversée, on voit paraître, au viie siècle, les Arabes, jusque-là renfermés dans leurs déserts. Ils étendent leur puissance et leur domination dans la haute Asie, dans l’Afrique, et envahissent l’Espagne ; les Turcs leur succèdent, et établissent le siége de leur empire à Constantinople, au milieu du xve siècle.

C’est sur la fin de ce siècle qu’un nouveau monde est découvert[1], et bientôt après la politique de l’Europe et les arts prennent une forme nouvelle. L’art de l’imprimerie[2] et la restauration des sciences font qu’enfin on a quelques histoires assez fidèles, au lieu des chroniques ridicules renfermées dans les cloîtres depuis Grégoire de Tours. Chaque nation, dans l’Europe, a bientôt ses historiens. L’ancienne indigence se tourne en superflu ; il n’est point de ville qui ne veuille avoir son histoire particulière. On est accablé sous le poids des minuties. Un homme qui veut s’instruire est obligé de s’en tenir au fil des grands événements, d’écarter tous les petits faits particuliers qui viennent à la traverse : il saisit dans la multitude des révolutions l’esprit des temps et des mœurs des peuples.

Il faut surtout s’attacher à l’histoire de sa patrie, l’étudier, la

  1. En 1492 ; voyez tome XII, page 376.
  2. L’invention de l’imprimerie en Europe est d’environ 1440 ; voyez tome XI, page 171.