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L’A, B, C.

étroite alliance; un Cromwell, dont le cardinal Mazarin reclierclie la protection, et pour qui il chasse de France les héritiers de Charles I", cousins germains de Louis XIV, etc., etc., etc.; cent exemples pareils dérangent mes idées, et je ne sais plus où j’en suis.

A.

Eh hien! les orages empêchent-ils que nous ne jouissions au- jourd’hui d’un heau so]eil?Letremblement qui a détruit la moitié de la ville de Lisbonne ^ empéche-t-il que tous n’ayez fait très- commodément le voyage de Madrid à Rome sur la terre affermie? Si Attila fut un luigand, et le cardinal Mazarin un fripon, n’y a- t-il pas des princes et des ministres honnêtes gens? Et l’idée delà justice ne subsiste-t-elle pas toujours? C’est sur elle que sont fondées toutes les lois; les Grecs les appelaient Filles du ciel; cela ne veut dire que filles de la nature.

C.

N’importe, je suis prêt de me rétracteraussi:car je vois qu’on

n’a fait des lois que parce que les hommes sont méchants. Si les

chevaux étaient toujours dociles, on ne leur aurait jamais mis de

frein. Mais, sans perdre notre temps à fouiller dans la nature de

l’homme et à comparer les prétendus sauvages aux prétendus

civilisés, voyons quel est le mors qui convient le mieux à notre

bouche.

A.

Je vous avertis que je ne saurais souffrir qu’on me bride sans me consulter, que je veux me brider moi-même, et donner ma voix pour savoir au moins qui me montera sur le dos.

C. Nous sommes à peu près de la même écurie.



CINQUIÈME ENTRETIEN.
DES MANIÈRES DE PERDRE ET DE GARDER SA LIBERTÉ,
ET DE LA THÉOCRATIE.

Monsieur A, vous me paraissez un Anglais très-profond; com- ment imaginez-vous que se soient établis tous ces gouvernements dont on a peine à retenir les noms : monarchique, despotique,

1. Le f novembre IToo.