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ciations, des Romains ou des Carthaginois, de Louis XI le très- chrétien, ou de Ferdinand le catholique, etc., etc., etc., etc., etc. Mais je demande s'il n'est pas permis de friponner pour le bien de l'État.
A.
Il me semble qu'il y a des friponneries si adroites que tout le monde les pardonne; il yen a de si grossières qu'elles sont uni- versellement condamnées. Pour nous autres Anglais, nous n'avons jamais attrapé personne. Il n'y a que le faible qui 'trompe ^ Si vous voulez avoir de beaux exemples de perfidie, adressez-vous aux Italiens du xv et du xw siècle.
Le vrai politique est celui qui joue bien, et qui gagne à la longue. Le mauvais politique est celui qui ne sait que filer la carte, et qui tôt ou tard est reconnu.
C. Fort bien ; et s'il n'est pas découvert, ou s'il ne l'est qu'après avoir gagné tout notre argent, et lorsqu'il s'est rendu assez puis- sant pour qu'on ne puisse le forcer à le rendre?
A.
Je crois que ce bonheur est rare, et que l'histoire nous fournit plus d'illustres filous punis que d'illustres filous heureux.
B. Je n'ai plus qu'une question à vous faire. Trouvez-vous bon qu'une nation fasse empoisonner un ennemi public selon cette maxime : Salus reipublicx suprema lex esto?
A. Parbleu ! allez demander cela à des casuistes. Si quelqu'un fai- sait cette proposition dans la chambre des communes, j'opinerais (Dieu me pardonne!) pour l'empoisonner lui-même, malgré ma répugnance pour les drogues. Je voudrais bien savoir pourquoi ce qui est un forfait abominable dans un particulier serait inno- cent dans trois cents sénateurs, et même dans trois cent mille : est-ce que le nombre des coupables transforme le crime en vertu ?
C.
Je suis content de votre réponse. Vous êtes un brave homme.
1. Voltaire avait dit dans son Maliomet, acte 11, scène v: C'est le faible qui trompe...
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