Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/483

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venez-vous quelles grandes choses Dieu fit[1] contre Dathan, et Abiron, et Coré, comment la terre s’ouvrit, et les dévora à cause de leur contradiction. Maintenant donc craignez Dieu, Joseph, de peur que ces choses ne soient dans votre maison. Joseph, effrayé, la reçut, et lui dit : Marie, voici que je vous prends du temple du Seigneur, et je vous laisserai à la maison, et j’irai pour exercer ma profession de charpentier [et je reviendrai à vous]. Et que le Seigneur vous conserve [tous les jours].

X. — Or, il se tint un conseil des prêtres, disant : Faisons un voile [ou un tapis] pour le temple du Seigneur. Et le prince des prêtres dit : Appelez-moi des vierges sans tache, de la tribu de David. S’en allant donc et cherchant, ils trouvèrent sept vierges. Et le prince des prêtres se ressouvint de Marie, qu’elle était de la tribu de David, et sans tache devant Dieu. Et le prince des prêtres dit : Tirez-moi au sort laquelle filera du fil d’or [d’amiante] et de fin lin [et de soie], et d’hyacinthe, et d’écarlate, et de la vraie pourpre ; et Zacharie se ressouvint de Marie, qu’elle était de la tribu de David ; et la vraie pourpre [et l’écarlate] échut à Marie par le sort ; et [les ayant reçues] elle s’en alla dans sa maison. Or, dans ce même temps, Zacharie perdit la parole[2]. Et Samuel prit sa place, jusqu’à ce que Zacharie recommença à parler. Marie ayant reçu la pourpre [et l’écarlate] fila.

XI. — Et ayant pris une cruche, elle sortit puiser de l’eau[3]. Et voici une voix qui lui dit : Je vous salue, pleine de grâce[4], le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes. Or, Marie regardait à droite et à gauche pour savoir d’où venait cette voix. Et, toute tremblante, elle entra dans sa maison, et quitta sa cruche ; et ayant pris la pourpre, elle s’assit sur sa chaise pour travailler. Et voici que l’ange du Seigneur se présenta devant elle, disant : Ne craignez point, Marie, vous avez trouvé grâce auprès du Seigneur. Et l’entendant, Marie s’entretenait en soi-même de ces pensées : Si je concevrai par le Dieu vivant, et j’enfanterai comme chaque femme engendre ? Et l’ange du Seigneur dit : Il n’en sera pas ainsi, ô Marie ! car le Saint-Esprit viendra sur vous, et la vertu de Dieu vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint qui naîtra de vous[5] sera appelé le fils du Dieu vivant. Et vous lui donnerez le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. Et voici que votre cousine Élisabeth a

  1. Num., xvi. (Note de Voltaire.)
  2. Luc, i, v. 20. (Id.)
  3. Genes., xxiv, v. 15. (Id.)
  4. Luc, i. v. 28. (Note de Voltaire.)
  5. Luc, i. v. 35. (id.)