Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/489

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myrrhe. Et ayant reçu réponse d’un ange de ne pas revenir à Hérode, ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin.

XXII. — Mais Hérode, irrité de ce qu’il avait été trompé par les mages, envoya des homicides tuer tous les enfants[1] qui étaient dans Bethléem depuis deux ans et au-dessous ; et Marie, apprenant que l’on tuait les enfants, frappée de crainte, prit l’enfant, et l’ayant enveloppé de langes, elle le coucha dans la crèche des bœufs[2], parce qu’il n’y avait point de place pour lui dans l’hôtellerie. Or, Élisabeth apprenant que son fils [Jean] était recherché, elle monta sur les montagnes, et regardait de tous côtés où elle le cacherait, et il n’y avait pas de lieu secret ; et Élisabeth, gémissant, dit d’une voix haute : Ô montagne de Dieu[3], recevez la mère avec le fils ; car Élisabeth ne pouvait pas monter, et tout d’un coup la montagne se divisa et la reçut. Une lumière les éclaira, car l’ange du Seigneur était avec eux qui les gardait.

XXIII. — Or Hérode cherchait Jean, et il envoya des ministres à Zacharie [son père], qui servait à l’autel, disant : Où avez-vous caché votre fils ? Mais il répondit, disant : Je suis prêtre servant Dieu, et j’assiste au temple du Seigneur ; je ne sais point où est mon fils ; et les ministres s’en allèrent et rapportèrent toutes ces choses à Hérode ; et étant en colère, il dit : Son fils doit régner sur Israël ; et il envoya une seconde fois à Zacharie, disant : Dites-nous la vérité ; où est votre fils ? Ne savez-vous pas que votre sang est sous ma main ? Et les ministres allèrent, et en firent le rapport à Zacharie même ; mais il dit : Dieu est témoin que je ne sais où est mon fils. Si vous voulez, répandez mon sang ; car Dieu recevra mon esprit, parce que vous répandez le sang innocent. Zacharie fut tué dans les vestibules du temple de Dieu et de l’autel, auprès de l’enclos, et les enfants d’Israël ne savaient pas quand il avait été tué.

XXIV. — Et les prêtres allèrent à l’heure de la salutation, et selon la coutume ; la bénédiction de Zacharie ne vint pas au-devant d’eux, et les prêtres attendaient pour le saluer et bénir le Très-Haut. Or, comme il tardait [ils craignaient d’entrer ; mais] un d’eux eut le courage d’entrer dans le saint où était l’autel, et il vit le sang caillé ; et voici qu’une voix cria : Zacharie est tué, et son sang ne sera point effacé jusqu’à ce qu’il vienne un vengeur. Ce qu’ayant entendu, il craignit, et étant sorti, il rapporta

  1. Les Arabes disent aussi qu’un roi des Perses fit mourir tous les enfants à cause de Daniel. Bochart, part. i, Hieroz., 1. et c. iii. (Note de Voltaire.)
  2. Luc, ii, v. 7. (Id.)
  3. Apocal., vi, v. 16. (Id.)