Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/494

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Ma maîtresse, je suis venue pour acquérir un prix qui durera toujours ; notre divine Marie lui dit : Imposez vos mains à l’enfant ; ce que la vieille ayant fait, dès ce temps elle s’en alla purifiée. C’est pourquoi étant sortie, elle disait : Depuis ce temps je serai la servante de cet enfant tous les jours de ma vie.

IV. — Ensuite, lorsque les bergers furent venus, et qu’ayant allumé du feu ils se réjouissaient grandement, il leur apparut des armées célestes louant et célébrant le Dieu suprême ; et les bergers faisant la même chose, alors cette caverne paraissait très-semblable à un temple auguste, parce que les voix célestes de même que les terrestres célébraient et magnifiaient Dieu à cause de la naissance du Seigneur Christ. Or la vieille Juive, voyant ces miracles manifestes, rendait grâces à Dieu, disant : Je vous rends grâces, ô Dieu, Dieu d’Israël, parce que mes yeux ont vu la naissance du Sauveur du monde.

V. — Et lorsque le temps de la circoncision fut arrivé, c’est-à-dire le huitième jour, auquel la loi ordonnait de circoncire un enfant[1], ils le circoncirent dans la caverne ; et la vieille Juive prit cette pellicule (mais d’autres disent qu’elle prit la rognure du nombril) ; et elle la renferma dans un vase d’albâtre plein de vieille huile de nard. Or elle avait un fils parfumeur, à qui elle la remit, lui disant : Prenez garde de vendre ce vase d’albâtre rempli de parfum de nard, quand même on vous en offrirait trois cents deniers. Et c’est là ce vase d’albâtre que Marie la pécheresse acheta, et qu’elle répandit sur la tête et les pieds de notre Seigneur Jésus-Christ, et les essuya avec les cheveux de sa tête. Ayant laissé passer l’espace de dix jours, ils le portèrent à Jérusalem, et le quarantième après sa naissance ils le présentèrent dans le temple devant la face du Seigneur, offrant pour lui les dons, ce qui est prescrit par la loi de Moïse[2] : savoir, tout mâle premier-né sera appelé le saint de Dieu.

VI. — Et le vieillard Siméon le vit brillant comme une colonne de lumière lorsque la divine vierge Marie sa mère le portait dans ses bras, toute transportée de joie ; et les anges l’entouraient comme un cercle, le célébrant et se tenant comme des gardes auprès d’un roi[3]. C’est pourquoi Siméon s’approchant au plus vite de la divine Marie, et étendant les mains vers elle, il disait au Seigneur Christ[4] : Maintenant, ô mon Seigneur, votre ser-

  1. Genes., xvii, v. 12 ; et Levit., xii, v. 3. (Note de Voltaire.)
  2. Exod., xiii, v. 2 ; et Luc, ii, v. 23. (Id.)
  3. Matth., iv, v. 11. (Id.)
  4. Luc, ii, v. 28. (Id.)