Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/513

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en ramassa l’eau et la portait à sa mère, laquelle, étonnée d’une chose toute merveilleuse, tenait cependant cachées et conservait dans son cœur[1] toutes celles qu’elle avait vues.

XLVI. — Un autre jour, le Seigneur Jésus se trouvait encore avec des enfants sur le bord de l’eau, et ils avaient détourné l’eau de ce ruisseau par des fossés, se construisant de petites piscines ; et le Seigneur Jésus avait fait douze moineaux, et les avait arrangés, trois de chaque côté, autour de sa piscine. Or, c’était un jour de sabbat ; et le fils du Juif Hanani, s’approchant et les voyant agir de la sorte : Est-ce ainsi, dit-il, qu’un jour de sabbat vous faites des figures de terre ? Et accourant promptement, il détruisait leurs piscines. Mais lorsque le Seigneur Jésus eut frappé des mains sur les moineaux qu’il avait faits, ils s’envolaient en criant. Ensuite le fils d’Hanani s’approchant aussi de la piscine de Jésus pour la détruire, son eau s’évanouit, et le Seigneur Jésus lui dit : Comme cette eau s’est évanouie, de même votre vie s’évanouira ; et sur-le-champ cet enfant se dessécha.

XLVII. — Dans un autre temps, comme le Seigneur Jésus retournait le soir à la maison avec Joseph, il fut rencontré par un enfant qui, courant rapidement, le heurta et le fit tomber. Le Seigneur Jésus lui dit : Comme vous m’avez poussé, de même vous tomberez, et ne vous relèverez pas ; et, à la même heure, l’enfant tomba et expira.

XLVIII. — Au reste, il y avait à Jérusalem un certain Zachée qui enseignait la jeunesse. Il disait à Joseph : Pourquoi, ô Joseph, ne m’envoyez-vous pas Jésus pour qu’il apprenne les lettres ? Joseph le lui promettait, et le rapportait à la divine Marie. Ils le menaient donc au maître qui, aussitôt qu’il l’eut vu, lui écrivit un alphabet, et lui commanda qu’il dît aleph. Et lorsqu’il eut dit aleph, le maître lui ordonnait de prononcer beth. Le Seigneur Jésus lui repartit : Dites-moi premièrement la signification de la lettre aleph, et alors je prononcerai beth. Et comme le maître lui donnait des coups, le Seigneur Jésus expliquait les significations des lettres aleph et beth ; de même quelles figures des lettres étaient droites, obliques, doublées, avaient des points, en manquaient, pourquoi une lettre précédait une autre ; et il se mit à détailler et éclaircir plusieurs autres choses que le maître n’avait jamais ni entendues ni lues dans aucun livre. Ensuite le Seigneur Jésus dit au maître : Faites attention à ce que je vais dire ; et il commença à réciter clairement et distinctement aleph,

  1. Luc, ii, v. 19. (Note de Voltaire.)