Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/552

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Jacob, afin qu’ils soient dans la foi de l’Église et non dans l’infidélité de la synagogue. Convertissez-vous donc, et entrez dans la joie d’Abraham votre père, parce que, ce qu’il lui a promis, il l’a accompli ; aussi le prophète chante-t-il : Le Seigneur a juré, et il ne s’en repentira pas, vous êtes prêtre pour toujours, selon l’ordre de Melchisédech. Car il a été fait prêtre sur la croix, lorsqu’étant hostie il a offert le sacrifice de son corps et de son sang pour tout le siècle. Pierre et Paul disant ces choses, et autres semblables, la plus grande partie des peuples crut : et il y en eut peu qui, avec une foi feinte, ne pouvaient cependant négliger ouvertement leurs avis ou leurs préceptes. Or les principaux de la synagogue et les pontifes des Gentils voyant que, par leur prédication, leur fin en particulier approchait, ils firent en sorte que leur discours excitât le murmure du peuple ; d’où il arriva qu’ils firent paraître Simon le Magicien devant Néron, et qu’ils les accusèrent. Car tandis que des peuples innombrables se convertissaient au Seigneur par la prédication de Pierre, il arriva que Livie, femme de Néron, et que la femme du gouverneur Agrippa, nommée Agrippine, se convertirent aussi, et se retirèrent d’auprès de leurs maris. Or, par la prédication de Paul, plusieurs abandonnant la milice, s’attachaient au Seigneur, de sorte qu’ils venaient même à lui de la chambre du roi ; et, étant chrétiens, ils ne voulurent retourner ni à la milice, ni au palais. De là Simon, irrité par le murmure séditieux des peuples, se mit à dire beaucoup de mal de Pierre, disant qu’il était un magicien et un séducteur. Or ceux qui admiraient ses signes le croyaient ; car il faisait qu’un serpent d’airain se mouvait, courait et paraissait tout à coup dans l’air. Au contraire, Pierre guérissait les malades par la parole, rendait la vue aux aveugles en priant, faisait fuir les démons à son ordre, et cependant ressuscitait les morts mêmes. Or il disait au peuple non-seulement de fuir sa séduction, mais encore de l’abandonner, de peur qu’ils ne parussent s’accorder avec le diable. Ainsi il arriva que tous les hommes religieux, ayant Simon en exécration, l’abandonnèrent comme un magicien scélérat, et vantèrent Pierre dans les louanges du Seigneur. Au contraire, tous les scélérats, les railleurs, les séducteurs et le méchants, s’attachèrent à Simon, en quittant Pierre comme magicien, ce qu’ils étaient eux-mêmes, puisqu’ils disaient que Simon était dieu. Et ce discours vint jusqu’à Néron César, et il ordonna que Simon le Magicien entrât vers lui ; lequel, étant entré, commença à se tenir debout devant Néron, et à changer tout à coup de figure, de sorte qu’il devenait d’abord enfant, et ensuite vieil-