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570 LE CRI DES NATIONS.

cette ville, comme les trésors appartiennent de droit à ceux sur le terrain desquels on les a trouvés.

��IRALDES DONT 0\ S'EST APPUYÉ POUR AUTORISER UNE DOMINATION

INJUSTE.

On frémit quand on envisage ce long amas d'impostures, dont le tissu a formé enfin la tiare qui a opprimé tant de cou- ronnes. Je ne parle pas des fausses constitutions apostoliques, des fausses citations, des mauvais vers attribués aux prétendues sibylles, des fausses lettres de saint Paul à Sénôque, des fausses récognitions du pape Clément, et de ce nombre innombrable de fraudes qu'on appelait autrefois fraudes pieuses : je parle de la prétendue donation de Constantin S qui est du ix^ siècle, et qu'on était obligée de croire, sous peine d'excommunication; je parle des absurdes décrétâtes - qui ont été si longtemps le fon- dement du droit canon, et qui ont corrompu la jurisprudence de l'Europe; je parle de la prétendue concession faite par Char- lemagne-' à Tévêque de Rome de la Sardaigne et de la Sicile, que ce monarque n'a jamais possédées. Cbaque année ajouta un chaînon à la chaîne de fer dont l'ambition, revêtue des habits de la religion, liait les peuples ignorants. On ne peut faire un pas dans l'histoire sans y trouver des traces de ce mépris avec lequel Rome traita le genre humain, ne daignant pas même em- ployer la vraisemblance pour le tromper.

DE l'indépendance DES SOUVERAINS.

Souveraineté et dépendance sont contradictoires. Toute mo- narchie, toute république n'a que Dieu pour maître : c'est le droit naturel , c'est le droit de propriété. Deux choses seules peuvent vous en priver, la force d'un brigand usurpateur, ou votre imbécillité. Les Goths s'emparent de l'Espagne parla force; les Tartares s'emparent de l'Inde; Jean sans Terre donne l'An- gleterre au pape. On se réintègre dans le droit naturel, contre l'usurpation, quand on a du courage; on reprend son royaume des mains du pape, quand on a le sens commun.

��i. Voyez tome XVIII, page 415; et page 103 du présent volume.

2. Voyez tome XVIII, page 319.

3. Ibid., page 416.

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