sur l’imposteur qui a pris le nom d’Hermas ; sur l’imposteur Abdias, l’imposteur Marcel, l’imposteur Hégésippe ; sur la supposition de misérables vers attribués aux sibylles ; et après cette foule de mensonges vient une foule d’interminables disputes.
Le mahométisme, plus raisonnable en apparence, et moins impur, annoncé par un seul prophète prétendu, enseignant un seul Dieu, consigné dans un seul livre authentique, se divise pourtant en deux sectes[1] qui se combattent avec le fer, et en plus de douze qui s’injurient avec la plume.
L’antique religion des brachmanes souffre depuis longtemps un grand schisme : les uns tiennent pour le Shastabad, les autres pour l’Othorabad. Les uns croient la chute des animaux célestes, à la place desquels Dieu forma l’homme, fable qui passa ensuite en Syrie, et même chez les Juifs du temps d’Hérode. Les autres enseignent une cosmogonie contraire.
Le judaïsme, le sabisme, la religion de Zoroastre, rampent dans la poussière. Le culte de Tyr et de Carthage est tombé avec ces puissantes villes. La religion des Miltiades et des Périclès, celle des Paul-Émile et des Caton, ne sont plus ; celle d’Odin est anéantie ; les mystères et les monstres d’Égypte ont disparu ; la langue même d’Osiris, devenue celle des Ptolémées, est ignorée de leurs descendants : le théisme seul est resté debout parmi tant de vicissitudes, et, dans le fracas de tant de ruines, immuable comme le Dieu qui en est l’auteur et l’objet éternel.
Soyez béni à jamais, sire. Vous avez établi chez vous la liberté de conscience. Dieu et les hommes vous en ont récompensé. Vos peuples multiplient, vos richesses augmentent, vos États prospèrent, vos voisins vous imitent ; cette grande partie du monde devient plus heureuse.
Puissent tous les gouvernements prendre pour modèle cette admirable loi de la Pensylvanie, dictée par le pacifique Penn, et signée par le roi d’Angleterre Charles II, le 4 mars 1681 !
« La liberté de conscience étant un droit que tous les hommes ont reçu de la nature avec l’existence, il est fermement établi que personne ne sera jamais forcé d’assister à aucun exercice public de religion. Au contraire, il est donné plein pouvoir à chacun de
- ↑ Les sectes d’Omar et d’Ali ; voyez tome XI, pages 210, 222 ; XII, 441 ; XIII, 154.