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CHAPITRE IX.

jugué les Gaulois. Ces anciens Perses entretenaient seulement le feu sacré dans des antres écartés ; ils l’appelaient Vesta.

Ce culte passa longtemps après chez d’autres nations ; il s’introduisit à la fin jusque chez les Romains, qui prirent Vesta pour une déesse. Toutes les anciennes cérémonies sont presque fondées sur des méprises.

Lorsque les Perses conquirent le royaume de Babylone, la religion des vainqueurs se mêla avec celle des vaincus, et prévalut même beaucoup. Mais les Chaldéens restèrent toujours en possession de dire la bonne aventure.

Il est constant que les uns et les autres crurent l’immortalité de l’âme sans savoir mieux que nous ce que c’est que l’âme. Quand on n’en aurait pas des preuves dans le livre du Sadder[1], qui contient la doctrine des anciens Perses, il suffirait, pour en être convaincu, de jeter les yeux sur les ruines de Persépolis, dont nous avons plusieurs dessins très-exacts. On y voit des tombeaux dont sortent des têtes accompagnées chacune de deux ailes étendues ; elles prennent toutes leur vol vers le ciel.

De toutes les religions que nous avons jusqu’à présent parcourues, il n’y a que celle de la Chine qui n’admette pas l’immortalité de l’âme ; et remarquez que ces anciennes religions subsistent encore. Celle du gouvernement de la Chine s’est conservée dans toute son intégrité ; celle des brachmanes règne encore dans la presqu’île de l’Inde ; celle de Zoroastre ne s’est point démentie, quoique ceux qui la professent soient dispersés.


CHAPITRE IX.
Des Phéniciens, et de Sanchoniathon, antérieur au temps où l’on place Moïse.


Les peuples de la Phénicie ne doivent pas être si anciens que ceux dont nous avons parlé. Ils habitaient une côte de la Méditerranée, et cette côte était fort stérile. Il est vrai que cette stérilité même servit à la grandeur de ces peuples. Ils furent obligés de faire un commerce maritime qui les enrichit. Ces nouveaux courtiers de l’Asie pénétrèrent en Afrique, en Espagne, et jusque dans notre Angleterre, Sidon, Tyr, Biblos, Bérith, devinrent des

  1. Voyez tome XI, page 198 et suiv. ; et, plus loin, la troisième niaiserie, faisant partie de Un Chrétien contre six Juifs.