Josèphe ajoute que tous les étrangers qui avaient été assez hardis pour dire un mot des lois juives avaient été sur-le-champ punis de Dieu ; que l’historien Théopompe, ayant eu dessein seulement d’en insérer quelque chose dans son ouvrage, il devint fou sur-le-champ, mais qu’au bout de trente jours, Dieu lui ayant fait connaître dans un songe qu’il ne fallait pas parler des Juifs, il demanda bien pardon à Dieu, et rentra dans son bon sens.
Josèphe dit encore que le poëte Théodecte, ayant osé parler des Juifs dans une de ses tragédies, était devenu aveugle incontinent, et que Dieu ne lui rendit la vue que quand il eut bien demandé pardon et fait pénitence.
Si un homme qui passe pour le seul historien juif qui ait écrit raisonnablement a dit de si plates extravagances, que faut-il penser des autres ? Je parle toujours humainement, je me mets toujours à la place d’un homme qui, n’ayant jamais entendu parler ni des Juifs, ni des chrétiens, lirait ces livres pour la première fois, et, n’étant point illuminé par la grâce, aurait le malheur de n’en croire que sa faible raison en attendant qu’il fût éclairé d’en haut.
On ne peut ici que consulter les Juifs eux-mêmes, confronter ce qu’ils rapportent, et voir ce qui est le plus probable.
Selon eux, ils demeurèrent sous des tentes, dans un désert, au nombre de six cent trente mille combattants, ce qui faisait environ trois millions de personnes en comptant les vieillards, les femmes, et les enfants. Cela fortifie la conjecture qu’ils étaient des Arabes, puisqu’ils n’habitaient que des tentes, et qu’ils changeaient souvent de lieu. Mais comment trois millions d’hommes auraient-ils eu des tentes, s’ils s’étaient enfuis d’Égypte au travers de la mer ? Chaque famille avait-elle porté sa tente sur son dos ? Ils n’avaient pas demeuré sous des tentes en Égypte. Une preuve qu’ils étaient du nombre de ces Arabes errants qui ont de l’aversion pour les demeures des villes, c’est que, lorsqu’ils eurent pris Jéricho, ils le rasèrent, et ne se fixèrent nulle part : car, ne jugeant ici qu’en profanes, et par les seules lumières de notre