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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/171

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JUIFS IDOLÂTRES.

raison, ce n’est pas à nous de parler des trompettes qui firent tomber les murs de Jéricho. C’est un de ces miracles que Dieu faisait tous les jours, et que nous n’osons discuter.

Quoi qu’il en soit, ils disent n’avoir eu une ville capitale, n’avoir été fixés à Jérusalem que du temps de David ; et, selon eux, entre leur fuite d’Égypte et leur établissement à Jérusalem, il y a environ quatre cent cinquante années. Je n’examine pas ici leur chronologie, sur laquelle ils se contredisent continuellement[1] ; car, à bien compter, il y aurait plus de six cents ans entre Moïse et David. Je vois seulement qu’ils ont vécu dans la Palestine en Arabes vagabonds pendant plusieurs siècles, attaquant tous leurs voisins l’un après l’autre, pillant tout, ravageant tout, n’épargnant ni sexe ni âge, tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, et très-souvent esclaves.

Cette vie vagabonde, cette suite continuelle de meurtres, cette alternative sanglante de victoires et de défaites, ces temps si longs de servitude, leur permirent-ils d’apprendre à écrire, et d’avoir une religion fixe ? N’est-il pas de la plus grande vraisemblance qu’ils ne commencèrent à former des lois et des histoires par écrit que sous leurs rois, et qu’auparavant ils n’avaient qu’une tradition vague et incertaine ?

Jetons les yeux sur toutes les nations de notre occident, depuis Archangel jusqu’à Gibraltar : y en a-t-il une seule qui ait eu des lois et une histoire par écrit avant d’être rassemblée dans des villes ? Que dis-je ? Y a-t-il un seul peuple sur la terre qui ait eu des archives avant d’être bien établi ? Comment les Juifs auraient-ils eu seuls cette prérogative ?


CHAPITRE XVI.
Quelle fut d’abord la religion des Juifs ?


Nous trouvons dans le livre intitulé Josué ces propres paroles, que ce chef sanguinaire dit à la horde juive après s’être emparé de trente-un chefs de ces villages, appelés rois dans la Bible[2] : « Choisissez aujourd’hui ce qu’il vous plaira, et voyez qui vous devez plutôt adorer, ou les dieux que vos pères ont servis dans la Mésopotamie, ou les dieux des Amorrhéens au pays desquels

  1. Voyez tome XXVI, page 202, note 2.
  2. Chap. xxiv, v. 15 et 16. (Note de Voltaire.)