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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/400

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390 FRAGMENT D'UNE LETTRE

les maisons et les denrées seront moins chères. C'est pour Paris un très-grand soulagement.

Son parlement, ayant moins d'affaires, n'en rendra que mieux la justice. Les pairs du royaume, loin de perdre la moindre de leurs prérogatives, les verront mieux éclaircies et mieux affermies.

Les pairs sont les grands juges du royaume. Ce sont eux qui condamnèrent le roi d'Angleterre Jean surnommé sans Terre^. Ce sont eux qui firent ajourner le roi Edouard I"par deux évêques, et qui confisquèrent la Guyenne- sur lui; ils adjugèrent la régence à Philippe de Valois^ pendant la grossesse de la reine, veuve de Charles IV, en 1328, et c'est alors que les pairs, assistés du haronnage, donnèrent leur décision, et non quand la veuve eut mis au monde une fille, car Philippe de Valois, régent, se mit de plein droit en possession du trône. Le président Hénault s'est trompé sur ce fait important.

Ils ajournèrent Rohert d'ArtoisS en 1331, non au parlement, mais au Louvre, conjointement avec le roi.

Ils ajournèrent le comte de Montfort^ par devers eux seuls, en la chambre des pairs assemblés par le roi, et présidés par lui en lokl, et non au parlement, comme il est dit dans V Abrégé du président Hénault.

Les rois ont toujours tenu leur cour des pairs où ils ont voulu ; ils pouvaient y convoquer des membres du parlement, ou ne les pas appeler. Le parlement ne fut admis que par députés au procès du duc d'Alençon^ dans la ville de Vendôme, en 1548. Il y avait parmi les juges quatre trésoriers de France : preuve indubitable que le roi a toujours pu admettre, pour l'instruction des procès, tels gradués qu'il daigne choisir.

Il n'y a pas même un seul exemple du contraire dans les grands procès de pairie, excepté dans le procès criminel du maréchal duc de Biron.

Les pairs ont toujours joui de leurs droits^ et rien ne fait craindre qu'ils soient diminués dans la nouvelle création du par- lement qu'on doit établir à Paris.

��1. Voyez tome XV, page 47'2,

2. Voyez tome XV, page 477.

3. Voyez tome XV, page 462.

4. Robert IH, dont l'histoire a été écrite par Lancelot, et imprimée dans le tome X des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. (B.)

5. Voyez tome XV, page 476.

6. Voyez tome XV, page 469.

7. Voyez tome XV, page 472.

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