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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/409

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DES SIX CONSEILS. 399

pour ne le pas approuver, et pour ne pas remercier son Ijien- faiteur.

« François P' ne voulut jamais consentir à la proposition d'établir une cour de parlement à Bourges et à Poitiers ^ »

Il n'est point du tout prouvé qu'on ait proposé à François I" d'établir un parlement à Poitiers; mais de ce que le roi aurait refusé de faire la sixième partie du bien qu'on nous fait aujour- d'hui, s'ensuit-il que ce bien soit un mal? François !«'• fit une faute, et Louis XV la répare.

Quand un parlement fait des reproches au souverain, il faut qu'il ait évidemment raison dans tous les points. Il semble que le parlement auteur de ces remontrances ait négligé ce principe.

De quoi s'agit-il ici pour les peuples, qui doivent être l'objet de la législation? De pouvoir obtenir justice le moins chèrement, le plus promptement, et le plus commodément qu'il soit possible.

Or nous demandons s'il n'est pas beaucoup plus commode d'être jugé dans sa province que dans une province étrangère? Si on n'est pas plus promptement jugé? S'il n'en coûte pas dix fois moins ?

Il est donc prouvé que toutes ces déclamations qu'on prétend faites en faveur du peuple sont réellement faites contre lui, et que l'on confond perpétuellement l'intérêt particulier et chi- mérique d'un corps avec l'intérêt général, qui est très-réel.

Parlons de bonne foi, jeunes gens des enquêtes de Paris, à qui le grand Henri lY disait : « Écoutez ces bons vieillards, et soyez modérés comme eux, » Vous ne pouvez avoir, dans cette affaire, d'autre intérêt que celui de la vanité. Quand vous ren- contrerez un citoyen de Lyon, ou d'Arras, ou do Blois, ou de Glermont, vous pourrez lui dire : « Monsieur, il est bien triste que vous ne soyez plus mon justiciable; je ne connais point votre coutume, mais j'étais essentiellement votre juge, La loi fonda- mentale de l'État est que vous quittiez votre pays natal pour venir me faire votre cour dans mon antichambre : tout est renversé puisque vous ne plaiderez plus chez nous. »

Le provincial vous répondra : a Monsieur, je vous plains du fond de mon cœur. C'est un grand malheur, sans doute, qu'un procès champenois ne soit jugé qu'en Champagne : votre gloire en est blessée ; mais le repos de quatre millions de citoyens est pré- férable à votre gloire. Vous perdez très-peu de chose, et ce que la France gagne est beaucoup.

1. Arrest du parlement de Besançon, page 5.

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