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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/419

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SER3I0N

DU PAPA NICOLAS CHARISTESKI

PRONONCÉ DANS l’ÉGLISE DE SAINTE-TOLÉRANSKI, VILLAGE DE LITHLAME, LE JOUR DE SAINTE - EPIPHANIE ’.

(1771)

Mes Frères,

Nous faisons aujoiinrimi la fête de trois grands rois, Melchior, Balthasar, et Gaspard, lesquels vinrent tous trois à pied des extrémités de l’Orient, conduits par une étoile épiphane, et chargés d’or, d’encens, et de myrrhe, pour les présenter à l’enfant Jésus. Où trouverons-nous aujourd’hui trois rois qui voyagent ensemble de bonne amitié avec une étoile, et qui donnent leur or à un petit garçon ?

S’il y a de l’or dans le monde, ils se le disputent tous ; ils ensanglantent la terre pour avoir de l’or, et ensuite ils se font donner de l’encens par mes confrères, qui ne manquent pas de leur dire, à la fin de leurs sermons, qu’ils sont sur la terre les images du Dieu vivante

Nous croyons, du moins dans ma paroisse, que le Dieu vivant est doux, pacifique, qu’il est également le père de tous les

i. Dans sa lettre à d’Alembert, du 12 novembre 17G8, Voltaire parle d’un sermon sur la Tolérance prêché devant Catherine II. Mais ce ne fut que plus de deux ans après qu’il composa son Sermon du papa Nicolas Charisteshi. Les prémices en étaient dues à l’impératrice, et Voltaire lui en fit hommage le 15 mai 1771. « C’est, disait-il, une réponse modeste aux mensonges un peu grossiers et ridicules que les confédérés ont fait imprimer à Paris. » On avait publié un Manifeste de la république confédérée de Pologne, du 1’6 novembre1769. Dantzic (Paris), 1771, m-i°. (B.)

2. Voyez tome XIX, page 318, note 1.

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