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A CICERON. 4i5

chaque instant, le mouvement de son cornet, qui roule toujours, ne détruit pas ce monde, si ancien, et n'en forme pas un nou- veau i.

Vous riez de toutes ces folies, sage Cicéron, et vous en riez avec indulgence. Vous laissez tous ces enfants souffler en l'air sur leurs bouteilles de savon ; leurs vains amusements ne seront jamais dangereux. Un an des guerres civiles de César et de Pompée a fait plus de mal à la terre que n'en pourraient faire tous les athées ensemble pendant toute l'éternité.

V. — Raison des alliées.

Quelle est la raison qui fait tant d'athées? C'est la contempla- tion de nos malheurs et de nos crimes. Lucrèce était plus excu- sable que personne : il n'a vu autour de lui et n'a éprouvé que des calamités. Rome, depuis Sylla, doit exciter la pitié de la terre, dont elle a été le fléau. Nous avons nagé dans notre sang. Je juge par tout ce que je vois, par tout ce que j'entends, que César sera bientôt assassiné. Vous le pensez de même ; mais après lui je prévois des guerres civiles plus aflVcuses que celles dans lesquelles j'ai été enveloppé. César lui-même, dans tout le cours de sa vie, qu'a-t-il vu, qu'a-t-il fait? Des malheureux. Il a exter- miné de pauvres Gaulois qui s'exterminaient eux-mêmes dans leurs continuelles factions. Ces barbares étaient gouvernés par des druides qui sacrifiaient les filles des citoyens après avoir abusé d'elles. De vieilles sorcières sanguinaires étaient à la tête des hordes germaniques qui ravageaient la Gaule, et qui, n'ayant pas de maison, allaient piller ceux qui en avaient. Arioviste était à la tête de ces sauvages, et leurs magiciennes avaient un pou- voir absolu sur Arioviste. Elles lui défendirent de livrer bataille avant la nouvelle lune. Ces furies allaient sacrifier à leurs dieux Procilius et ïitius, deux ambassadeurs envoyés par César à ce perfide Arioviste, lorsque nous arrivâmes, et que nous délivrâmes ces deux citoyens, que nous trouvâmes chargés de chaînes, La

1. Cet argument purd toute sa force si Ton suppose que les lois du mouve- naent sont nécessaires. Dans cette opinion, un coup de dés une fois supposé, tous les autres en sont la suite; et il s'agit de savoir si, entre tous les premiers coups de des possibles, ceux qui donnent une combinaison d'où résulte un ordre appa- rent ne sont pas en plus grand nombre que les autres, si cet ordre apparent n'est pas même une conséquence infaillible de l'existence de lois nécessaires. On croit inutile d'avertir que, par premier coup de dés, on entend la combinaison qui existe à un instant donné, et par laquelle les deux suites infinies de combinaisons dans le passé et dans l'avenir sont également déterminées. (K.)

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