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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/46

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DISCOURS

fable, et que l’esprit peut seul connaître), ce dieu de la médecine fut vivifié dans le monde par la fécondité du soleil. Un dieu si salutaire aux hommes étant donc descendu du ciel, sous la forme humaine, parut d’abord à Épidaure ; ensuite il étendit une main secourable par toute la terre. D’abord Pergame se ressentit de ses bienfaits, ensuite l’Ionie et Tarente : quelque temps après, Rome, l’île de Cos, et les régions de la mer Égée. Enfin toutes les nations eurent part aux faveurs de ce dieu, qui guérit également les maladies de l’esprit et celles du corps, détruit les vices du premier et les infirmités du second.

Les Hébreux peuvent-ils se vanter d’avoir reçu un pareil bienfait de l’Être suprême ? Cependant, Galiléens, vous nous avez quittés, et vous avez, pour ainsi dire, passé comme des transfuges auprès des Hébreux. Du moins vous eussiez dû, après vous être joints à eux, écouter leurs discours, vous ne seriez pas actuellement aussi malheureux que vous l’êtes ; et, quoique votre sort soit beaucoup plus mauvais que lorsque vous étiez parmi nous, on pourrait le regarder comme supportable si, après avoir abandonné les dieux, vous en eussiez du moins reconnu un, et n’eussiez pas adoré un simple homme comme vous faites aujourd’hui. Il est vrai que vous auriez toujours été malheureux d’avoir embrassé une loi remplie de grossièreté et de barbarie ; mais, quant au culte que vous auriez, il serait bien plus pur et plus raisonnable que celui que vous professez : il vous est arrivé la même chose qu’aux sangsues, vous avez tiré le sang le plus corrompu, et vous avez laissé le plus pur.

Vous n’avez point recherché ce qu’il y avait de bon chez les Hébreux, vous n’avez été occupés qu’à imiter leur mauvais caractère et leur fureur : comme eux vous détruisez les temples et les autels. Vous égorgez non-seulement ceux qui sont chrétiens, auxquels vous donnez le nom d’hérétiques[1] parce qu’ils ont des


    gnifique roi Salomon [III, Rois, v. 6] fut obligé de demander des ouvriers au roi de Tyr : ce qui cadre fort mal avec la prétendue sculpture et la prétendue dorure de leur coffre dans le désert. Il faut avoir des forgerons et des menuisiers avant d’avoir des médecins. Le peuple juif fut toujours le plus ignorant des peuples de Syrie : aussi fut-il le plus superstitieux et le plus barbare. (Note de Voltaire.)

  1. C’est ici où Julien triomphe. La conduite réciproque des athanasiens et des ariens est monstrueuse ; et malheureusement, les chrétiens ont toujours été agités de cette même fureur, dont les massacres de Paris et d’Irlande ont été la suite exécrable.

    Telle a été la funeste contradiction qui fait la base du christianisme, que cette secte a toujours cru aux livres juifs, en abhorrant, en massacrant les Juifs. Phinées [Nombres, xxv, 9] fait tuer vingt-quatre mille de ses compatriotes : donc nous