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MENSONGES DE CLAUSTRE.

exact qu’il était zélé. Ses mensonger étaient pieux, mais ils n’étaient pas fins.

PREMIER MENSONGE DE CLAUSTRE.

Il redemandait pour le mari de sa nièce Boutaudon, environ deux millions dont la mère de Desmartres avait hérité en Hollande. Mais, par les comptes juridiquement arrêtés, il se trouva que le bien de sa mère ne se montait à sa mort qu’à deux cent soixante-seize mille vingt livres, qui devaient être partagées entre Desmartres fils et sa sœur ; et à la mort de la sœur, ces deux cent soixante-seize mille vingt livres appartinrent au fils ; mais sur ce bien il fallait payer au sieur Desmartres père douze mille livres de pension à lui léguées par sa femme, et trois mille livres de pension à lui léguées par sa fille avec d’autres dons. Ainsi voilà l’abbé Claustre bien loin de son compte. Et nihil invenerunt viri divitiarum in manibus suis[1].

DEUXIÈME MENSONGE DE CLAUSTRE.

Il dit assez malignement que la bisaïeule de Desmartres fils, qui était Hollandaise, mourut en 1728 ; et il le dit pour insinuer que des actes de 1729 n’étaient pas légitimes. Il ajoute que cette dame laissa une grosse succession. Il a été prouvé qu’elle était morte en 1730, que la succession était fort petite, et qu’il raisonnait fort mal.

TROISIÈME MENSONGE DE CLAUSTRE.

Il fait dire à Desmartres fils qu’on ne lui a pas rendu ses papiers à sa majorité ; et il a été prouvé par acte juridique, du 13 mai 1761, que tous ses papiers lui avaient été rendus.

QUATRIÈME MENSONGE DE CLAUSTRE.

Il dit qu’on ne laisse jouir Desmartres fils que de dix mille livres de rente ; que ce n’est pas assez pour lui Claustre et pour sa nièce Boutaudon ; qu’il comptait sur un fonds de deux millions.

À l’égard de ces deux millions, il faut bien que Claustre et sa

  1. Psaume lxxv, verset 6.