Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
SUR L’HISTOIRE GÉNÉRALE.

moyenne proportionnelle arithmétique, nous aurons quatre-vingt-cinq mille. Quelle affaire ! encore une fois.

De nos jours, un avocat irlandais[1] a plaidé pour les massacres d’Irlande, exécutés sous le règne de l’infortuné Charles Ier. Il a soutenu que les Irlandais catholiques n’avaient assassiné que quarante mille protestants. Nous ne voulons pas compter après lui ; mais en vérité ce n’est pas peu de chose que quarante mille citoyens expirants dans des tourments recherchés, des filles attachées vivantes encore au cou de leurs mères suspendues à des potences ; les parties génitales des pères de famille mises toutes sanglantes dans la bouche de leurs femmes égorgées, et leurs enfants coupés par morceaux sous les yeux des pères et des mères, le tout à la plus grande gloire de Dieu.

Nous aurions mauvaise grâce de nous plaindre des reproches[2] que nous fait monsieur l’abbé sur ce que nous fîmes, il y a cinquante ans, je ne sais quel poëme épique dans lequel il est parlé de la Saint-Barthélemy. Un de nos parents fut tué dans cette journée ; mais nous nous tenons très-heureux d’en être quitte aujourd’hui pour des injures.


ARTICLE XV.


Sur la révocation de l’édit de Nantes.


La fameuse révocation de l’édit de Nantes est regardée comme une grande plaie de l’État. Lorsque nous fûmes obligé d’en parler dans le Siècle de Louis XIV[3], nous fûmes bien loin de vouloir dégrader un monument que nous élevions à la gloire de ce siècle mémorable; mais[4] Mme de Caylus, nièce[5] de Mme de Maintenon, dit que le roi avait été trompé. La reine Christine[6] écrit que

  1. Brooke, né en 1706, mort en 1783 ; littérateur, ami de Pope et de Swift.
  2. Dans une note du chant II de la Henriade, Voltaire parle d’un gentilhomme qui, étant fort jeune dans les gardes du roi Charles IX, chargeait son arquebuse. Caveyrac, pages 42 et 43 de sa Dissertation, reprochait à Voltaire d’avoir rapporté cette circonstance. (B.)
  3. Voyez tome XV, page 28.
  4. Souvenirs de madame de Caylus. (Note de Voltaire.)
  5. Voyez tome XIV, page 470 ; XV, 134 ; et XXVIII, 285.
  6. Lettres de la reine Christine. (Note de Voltaire.) — Il s’agit du recueil d’Arckenholtz, dont il a été parlé tome XXIII, page 524, et non de l’ouvrage de Lacombe, dont il est question tome XXIV, page 479.