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ÉLOGE FUNÈBRE
DE LOUIS XV
PRONONCÉ DANS UNE ACADÉMIE LE 25 MAI 1774.[1]

MESSIEURS,

Je ne viens point ici, au milieu d’une pompe lugubre et éclatante, mêler la vanité d’un discours étudié à toutes ces vanités établies pour faire illusion aux vivants, sous le spécieux prétexte de la gloire des morts.

Notre assemblée n’est point une de ces cérémonies fastueuses inventées pour séduire les yeux et les oreilles. Mon discours doit être simple et vrai comme l’était le monarque dont nous déplorons la perte.

Quand la grande éloquence commença et finit le siècle de Louis XIV, les oraisons funèbres prononcées par les Bossuet et par les Fléchier subjuguaient la France étonnée. Elles étaient les seuls ornements qu’on remarquât au milieu de ces superbes appareils funéraires. On était transporté de ce nouveau genre ; il a diminué de prix dès qu’il est devenu commun.

Aujourd’hui que la recherche du vrai en tout genre est devenue

  1. Louis XV était mort le 10 mai 1774, et Voltaire envoya son Éloge funèbre au maréchal de Richelieu le 31 mai. Il le donna comme l’ouvrage de M. Chamhon : il avait déjà mis ce nom, en 1769, à son petit écrit De la Paix perpétuelle (voyez tome XXVIII, page 103) ; il le mit quelques mois plus tard à l’Éloge historique de la raison (voyez tome XXI, page 513). Mais ce nom de Chambon ne se trouve sur aucune édition de l’Éloge funèbre antérieure aux éditions de Kehl, où probablement il fut ajouté d’après la lettre du 31 mai.

    L’édition originale est un in-8o de 16 pages.

    Du vivant de Louis XV, Voltaire avait, en 1748, fait son Panégyrique (voyez tome XXIII, page 263). Il avait poussé la flatterie plus loin en donnant à l’un de ses ouvrages le titre de Précis du Siècle de Louis XV (voyez tome XV de la présente édition). (B.)