Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
394
MÉMOIRE
3o Sur cette somme de 36,000 livres, il en a coûté à la ferme, en frais de régie dans l’année 1774, tant pour le prix de la voiture du sel, gages du receveur, du capitaine général, des employés, de cinq brigadiers, de douze lieutenants, de quarante-un employés 
 23,853 l.
Pour les frais de la nourriture des malheureux prisonniers que le faux-saunage exposait continuellement au châtiment et à la misère 
 2,868 l.
_________
Total 
 26,721 l.
Par conséquent, il n’est resté de gain à la ferme que 
 9,879 l.
_________
Total 
 36,600 l.

Et si on compte ce qui lui en coûte pour les premiers frais de saline, on verra qu’elle n’a guère gagné plus de 7,000 livres.

4o N. B. Parmi les bureaux, dont plusieurs sont nouvellement établis, il faut considérer que celui de Collonge, en delà[1] du fort de l’Écluse, à l’ancienne frontière du royaume, est le seul qui ait produit quelque chose à la ferme, et que, en quelque endroit qu’il soit replacé, il ne doit pas être confondu avec les autres bureaux, parce que c’est là qu’on a payé et que l’on payera les droits d’entrée et de sortie.

5o Après cet exposé, qui paraît fidèle, le pays représente qu’il lui en coûtera environ 9 à 10,000 livres pour l’heureux abolissement des corvées[2], dont le ministère a délivré la France, ci 
 10,000 l.
6o À cette charge, qu’on regarde comme un bienfait, il faut ajouter 10,000 livres d’intérêts des emprunts faits par la province, pour la construction des ponts et chaussées qu’on lui a ordonné de faire sur son territoire, ci 
 10,000 l.
7o Si, à ces charges que le pays est obligé de supporter, la ferme générale ajoute 30,000 livres d’indemnité, ci 
 30,000 l.
  1. En deçà par rapport à Ferney, et non en delà. (Cl.)
  2. Les corvées n’étaient pas encore supprimées, mais elles le furent en février suivant.
       Voltaire parle donc ici de cette suppression comme d’un projet que l’on devait prochainement exécuter, et dont ses amis du ministère n’avaient pas manqué de lui donner avis.
       Dans sa lettre du 9 février 1776, à M. Fargès, conseiller d’État, il dit : Nous attendons l’édit des corvées comme des forçats attendent la liberté. Le parlement n’enregistra cet édit qu’avec la plus grande répugnance, et les corvées furent bientôt rendues aux vœux d’une magistrature qui, quatorze ans plus tard, devait disparaître enfin avec elles. (Cl.)