Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/434

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LXII. — Au sujet de la royauté, il tombe dans des raisonnements usés, qui n’ont presque jamais été faits que par ceux qui ne connaissent ni les agréments ni les maux qui l’accompagnent.

Ces agréments sont achetés bien cher.

LXIII. — Il dit : Quand les services d’un sujet sont si grands, ils tiennent lieu d’offense envers le souverain. Cette maxime est trop étendue.

Cela n’est malheureusement que trop vrai en général.

LXIV. — Il dit que le roi s’abstint de donner bataille sur une prédication d’un astrologue. En ce temps-là, croyait-on qu’une bataille dépendît des astres ?

On le croyait alors, et ce n’est plus la faute de l’historien.

LXV. — Il dit que les Anglais, réduits à la faim, et les Français, incommodés par les pluies, furent bien aises, les uns comme les autres, de sortir de ce mauvais pas par une trêve. Voilà une narration où la vraisemblance n’est pas observée.

Il n’y a rien contre la vraisemblance.

LXVI. — Il dit que les princes recommandent de belles choses à leurs successeurs plus souvent en mourant qu’ils ne les exécutent pendant leur vie. Est-ce là un défaut qui n’est que des princes ?

Mais ce défaut a des suites bien plus terribles de la part des princes.

LXVII. — Il dit : Le roi Philippe n’avait point d’inclination pour les lettres et pour les gens lettrés, parce qu’il connaissait peut-être qu’il n’était pas assez heureux pour avoir des louanges et pour exercer les belles plumes. N’est-ce pas un beau raisonnement ?

Ce n’est point un raisonnement ; c’est une réflexion caustique.

LXVIII. — Il dit : Le roi vendit sa fille au comte de Milan. Est-ce parler raisonnablement ?

La réflexion de Mézerai était juste.

LXIX. — Il parle des impôts comme d’un fléau égal à la peste et à la famine.

Il parlait des impôts exorbitants et établis sans nécessité.

LXX. — Il plait aux gens qui blâment toujours la politique des princes.

Avec le P, Daniel, le gouvernement n’a jamais tort.