Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/527

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XVII. — Animaux immondes.

Nous ne serons pas d’accord, messieurs les juifs, sur la notion du droit divin. Nous appelons droit divin tout ce que Dieu a ordonné : ainsi nos bénéficiers ont dit que leurs dîmes sont de droit divin, parce que Dieu même vous avait ordonné de payer la dîme à vos lévites. Nous appelons les devoirs communs de la société le droit naturel.

Où avez-vous pris qu’il y ait un ton railleur à dire : Dieu défendit qu’on se nourrît de poissons sans écailles, de porcs, de lièvres, de hérissons, de hiboux[1] ? Comment avez-vous trouvé un ton dans des paroles écrites ? Où est la raillerie ? Hélas ! vous voulez railler ; vous parlez de Zaïre et d’Olympie quand il est question des griffons et des ixions, animaux inconnus dans nos climats, dont il vous fut ordonné de vous abstenir dans le vôtre. Vous reprochez à mon ami d’avoir dit que « les griffons et les ixions juifs doivent être mis au rang des monstres, et que ce sont des serpents ailés avec des ailes d’aigles » ; il n’a jamais dit cela[2], monsieur, et il est incapable d’avoir écrit qu’on est ailé avec des ailes.

Je ne regarde pas votre méprise comme une de ces calomnies cruelles que vous avez eu le malheur de copier dans votre livre : vous avez vu apparemment cette phrase dans une des mille et une brochures qu’on a faites contre mon ami, et vous la répétez au hasard ; je vous jure, monsieur, qu’elle n’est pas de lui.

XVIII. — Des cochons.

Qui que vous soyez, ou juif ou chrétien, ou amalécite ou récabite, ou habitant d’Utrecht ou docteur de la rue Saint-Jacques, vous êtes un savant homme ; vous avez beaucoup lu, vous faites usage de vos lectures ; il y aurait plaisir à s’instruire avec vous ; nous ferions gloire d’être vos écoliers, mon ami et moi, si vous aviez un peu plus d’indulgence.

Vous parlez très-bien de la bonne chère des Juifs ; il est vraisemblable que le petit salé aurait été malsain dans les déserts de la basse Syrie et de l’Arabie Pétrée. Vous nous auriez encore

  1. Voyez tome XXV, page 65.
  2. Je n’ai trouvé dans aucune édition du Traité sur la Tolérance la phrase que Guénée attribue à Voltaire, et que celui-ci désavoue. (B.)