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d’un fou qui demeura lié et couché sur le même côté pendant quinze ans. (Ézéchiel, Comment., p. 33, édit. de Paris.)

XLVI. — Des prophètes encore.

Messieurs les juifs, je crois, comme mon ami, à toutes les prophéties, et je vous déclare que mon ami et moi nous y trouvons à chaque page le messie, que vous n’y trouvez jamais. Et vous, monsieur Guenée, si vous êtes chrétien, je vous déclare que vous ne parviendrez pas à nous faire condamner comme errant dans la loi. Nous sommes soumis à toutes les décisions de l’Église, et nous supposons que vous l’êtes aussi. Mais vous manquez de charité.

Par ma foi, je crois que vous vous êtes trompé en tout. Par ma charité, je vous pardonne les accusations dont vous chargez mon ami, pourvu qu’elles n’aient point d’effet. Par mon espérance, je me flatte que vous viendrez à résipiscence.

XLVII. — Accusation légère.

Vous accusez mon ami d’avoir dit que le commun des Juifs apprit à lire et à écrire dans Babylone, et d’avoir dit ensuite que ce fut dans Alexandrie[1].

Si dans quelqu’un de ses ouvrages, que je ne connais pas, quelque copiste ou quelque typographe a sauté une ligne, et a mal placé le mot d’Alexandrie, il y a une malignité puérile à charger l’auteur d’une telle faute d’impression ; et c’est ce qui vous arrive trop souvent. Si cette erreur ne se trouve pas chez mon ami, il y a une malignité d’homme fait à l’en accuser, et une grande perte de temps à fatiguer le public de ces misères. Une de nos grandes sottises, à nous autres barbouilleurs de papier, c’est de croire que le public prend le même intérêt que nous aux inutilités qui nous occupent.

XLVIII. — De l’âme, et de quelques autres choses.

Je vais entrer autant que je le puis dans la grande question qui intéresse tous les hommes, et qui a partagé tous les philosophes depuis environ trois mille ans. Il s’agit de savoir si nous avons une âme, ce que c’est que cette âme ; si elle existe avant

  1. Tome XI, page 145 ; et XXVIII, 147, 167.