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IIe NIAISERIE.
sur zoroatre.

Hyde rapporte, pages 27 et 28, que les anciens Perses ont cru qu’un vieux livre qui contenait leur religion réformée était tombé du ciel entre les mains d’Abraham, dans le territoire de Balk, du temps de Nembrod ; et je le croirai avec vous si vous voulez. Puis il répète des contes de Plutarque, comme, par exemple, que la reine Amestris[1] dans ses dévotions, faisait enterrer douze hommes vivants, et les envoyait en enfer pour le salut de son âme.

Puis il se met en colère, page 32, contre l’empereur Alexandre Sévère, qui, suivant un rêveur du Bas-Empire, nommé Lampridius, avait dans son oratoire le portrait d’Abraham, d’Orphée, d’Apollonios de Tyane, et de Jésus-Christ, peints sans doute très-ressemblants.

Ensuite, pages 82 et suivantes, il fait le roman d’Abraham, qui, ayant vaincu le roi de Perse et quatre autres puissants rois avec trois cents gardeurs de brebis, abolit en Perse l’antique religion du sabbisme. Voilà donc Abraham auteur d’une nouvelle religion des Perses, et c’est lui qu’il faut regarder comme le vrai Zerdust, le vrai Zoroastre : car le premier avait vécu six mille ans auparavant, et le dernier Zoroastre ne parut que sous Darius, fils d’Hystaspe…, quinze cents ans après Abraham. Ce sont là des faits avérés ; demandez à M. Larcher, mon autre ami.

Ce roman ressemble assez à celui qu’a fait depuis un Écossais, nommé Ramsay, précepteur d’un duc de Bouillon, sur les Voyages de Cyrus[2].

IIIe NIAISERIE.
du sadder.

C’est à vous seul, monsieur le secrétaire des juifs, que je m’adresse ici. Vous nous objectez la décision d’un savant qui a eu le courage d’aller chercher des instructions au fond de l’Asie, à l’exemple de Pythagore ; il fait peu de cas des écrits attribués à Zoroastre ; il dit qu’ils sont remplis de petitesses d’esprit ;

  1. Plutarque, De la Superstition.
  2. Voyez tome XIV, page 119.