Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/85

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reux prétendait avoir vu Du Jonquay courir chargé d’or dans les rues.

20° Une Tourtera, une courtière, une prêteuse sur gages, une marraine du vérolé, une gueuse sortant de l’Hôpital, écoutée comme un témoin irréprochable.

21° Un cocher, un bretailleur, un ami de Du Jonquay, écouté comme un témoin grave.

22° Une autre gueuse[1] condamnée au fouet par la Tournelle, écoutée quand elle calomnie M. de Morangiés, et rejetée quand elle se repent publiquement de son crime. Le parlement entendra sans doute cette misérable, qui peut fournir un fil à l’aide duquel les juges sortiront de ce labyrinthe.

Je vous ai indiqué, messieurs, plus de vingt preuves de l’innocence de votre compatriote et du délit de ses adversaires. Vous en découvrirez plus de cent si vous voulez lire avec attention tous les mémoires. La cabale acharnée à diffamer, à perdre la maison Morangiés, vient d’abuser étrangement de la candeur d’un homme de bien qui, ayant d’abord soutenu cette abominable cause, s’est cru malheureusement engagé à la défendre encore[2].

Il est vrai qu’il n’ose plus parler du testament frauduleux de la Véron, à qui on fait dire qu’elle avait donné deux cent mille francs à sa fille, après avoir attesté si souvent le ciel qu’elle perdait tout en perdant les prétendus cent mille écus portés au comte de Morangiés. Il se tait sur cette contradiction trop manifeste et trop terrible pour les accusateurs de votre compatriote.

Il ne ramène plus sur la scène ce généreux, ce bienfaisant Aubourg, ce tapissier, cet homme d’affaires qui a eu la bassesse insolente d’acheter publiquement le procès de la Véron, dans lequel il pourrait gagner plus de cent cinquante mille livres. Ces infamies ont révolté sans doute M. l’avocat Vermeil. Mais qu’on a trompé sa bonne foi sur le reste ! De combien d’anecdotes inutiles au fond de l’affaire l’a-t-on surchargé ! Que de contradictions on lui a présentées comme des vérités qui se conciliaient ! Comme on l’a fait tomber dans le piège !

Pour ne pas rendre ma lettre trop prolixe, je vous en donnerai seulement quelques exemples bien frappants.

  1. La fille Hérissé.
  2. Vermeil, qui n’avait rien écrit depuis la première sentence, venait de faire paraître un volumineux mémoire intitulé Preuves résultantes du procès pour la dame Romain et le sieur Du Jonquay, son fils, contre le comte de Morangiés, maréchal de camp, le sieur Dupuis, inspecteur de police, le sieur Desbrugnières, son adjoint, et encore contre M. le procureur général.