ACTE IV, SCÈNE 11. 121
SCÈNE II.
ADÉLAÏDE, NEMOUUS. VENDOME, gardes.
VENDÔME.
Je l’entends, c’est lui-niènio : arrête, malheureux ! Lâche qui me trahis, rival indigne, arrête !
N E M l II S.
Il ne te trahit point ; mais il t’ofï’re sa tête.
Porte à tous les excès ta haine et ta fureur ;
Va, ne perds point de temps, le ciel arme un vengeur.
Tremble ; ton roi s’approche, il vient, il va paraître.
Tu n"as vaincu que moi, redoute encor ton maître.
VENDÔME.
Il pourra te venger, mais non te secourir ; Et ton sang…
ADÉLAÏDE.
Non, cruel ! c’est à moi de mourir. J’ai tout fait ; c’est par moi que ta garde est séduite ; J’ai gagné tes soldats, j’ai préparé ma fuite : Punis ces attentats, et ces crimes si grands, De sortir d’esclavage, et de fuir ses tyrans : .Alais respecte ton frère, et sa femme, et toi-même ; Il ne t’a point trahi, c’est un frère qui t’aime ; Il voulait te servir, quand tu veux l’opprimer. Quel crime a-t-il commis, cruel, que de m’aimer ? L’amour n’est-il en toi qu’un juge inexorable ?
VENDÔME.
Plus VOUS le défendez, pins il devient coupable ;
C’est vous qui le perdez, vous qui l’assassinez ;
Vous par qui tous nos jours étaient empoisonnés ;
Vous qui, pour leur malheur, armiez des mains si chères.
Puisse tomber sur vous tout le sang des deux frères !
^ ous pleurez ! mais vos pleurs ne peuvent me tromper :
Je suis prêt à mourir, et prêt à le frapper.
Mon malheur est au comble, ainsi que ma faiblesse.
Oui, je vous aime encor, le temps, le péril presse ;
Vous pouvez à l’instant parer le coup mortel ;
Voilà ma main, venez : sa grAce est à l’autel.