Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/130

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1-20 ADELAÏDE DU GUESCLIN.

Allez : si vous m’aimez, drrohez-voiis aux coups Des foudres allumés, grondant autour de nous ; Au tumulte, au carnage, au désordre effroyable, Dans, des murs pris d’assaut malheur inévitable : Mais craignez encor plus mon rival furieux ; Craignez l’amour jaloux qui veille dans ses yeux. Je frémis de vous voir encor sous sa puissance ; Redoutez son amour autant que sa vengeance ; Cédez à mes douleurs ; qu’il vous perde : partez.

ADÉLAÏDE.-

Et vous vous exposez seul à ses cruautés !

NEMOLRS,

Ne craignant rien pour vous, je craindrai peu mon frère ; Et bientôt mon appui lui devient nécessaire.

ADÉLAÏDE.

Aussi bien que mon cœur mes pas vous sont soumis. Eh bien ! vous l’ordonnez, je pars, et je frémis ! Je ne sais… mais enfin, la fortune jalouse, M’a toujours envié le nom de votre épouse.

NEMOURS.

Partez avec ce nom. La pompe des autels,

Ces voiles, ces flambeaux, ces témoins solennels,

Inutiles garants d’une foi si sacrée, •

La rendront plus connue, et non plus assurée.

Vous, mânes des Bourbons, princes, rois mes aïeux,

Du séjour des héros tournez ici les yeux.

J’ajoute à votre gloire en la prenant pour femme ;

Confirmez mes serments, ma tendresse et ma llamme :

Adoptez-la pour fille, et puisse son époux

Se montrer à jamais digne d’elle et de vous !

ADÉLAÏDE.

Rempli de vos bontés, mon cœur n’a plus d’alarmes, Cher époux, cher amant…

NEMOURS.

Quoi ! vous versez des larmes ! C’est trop tarder, adieu… Ciel, quel tumulte affreux !