Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VARIANTKS D’ADÉLAÏDE DU GUESCLIN. lo9

VENDU M E.

■ Ce soldat qu’en secret vous m’avez amené, " Va-t-il exécuter l’ordre que j’ai donné ?

L’OKFICIEn.

Vers la tour, à grands pas, vous voyez qu’il s’avance. v E \ D 6 M E. ’Je vais donc à la (in jouir de ma vengeance ! ’ Allez, qu’on se prépare à des périls nouveaux ;

Que sur nos murs sanglants on porte nos drapeaux.

Hàtez-vous, déijloycz l’appareil de la guerre ;

Qu’on allume ces feux renfermés sous la terre ;

Que l’on vole à la brèche ; et s’il nous faut périr, " Vous recevrez de moi l’exemple de mourir. (Il roste seul.) "Le sang, l’indigne sang qu’a demandé ma rage,

  • Sera du moins pour moi le signal du carnage.

Vainement à Coucy je m’étais conllé

Ai-je pu m’en remettre à sa faible amitié,

A son esprit tranquille, i\ sa vertu sauvage.

Qui ne sait ni sentir, ni venger mon outrage ? ’ Un bras vulgaire et sûr va punir mon rival.

Et cette même main va chercher dans son flanc

La moitié de moi-même, et le sang de mon sang.

Autour de moi, grand Dieu ! que j’ai creusé d’abîmes !

Que l’amour m’a changé, qu’il me coûte de crimes !

Remords toujours puissants, toujours en vain bannis,

Je voulais me venger, c’est moi que je punis.

Funeste passion dont la fureur m’égare ! ’Non, je n’étais pas né pour devenir barbare. ’Je sens combien le crime est un fardeau cruel.

SCENE III.

VENDOME, ADÉLAÏDE.

VENDOME.

" Oui, j’ai tué mon frère, et Tai tué pour vous.

Sans vous je l’eusse aimé ; sans ma funeste flamme,

La nature et le sang triomphaient dans mon âme.

Je n’ai pris qu’en vos yeux le malheureux poison

Qui m’ôta l’innocence, ainsi que la raison.

Vengez sur ce barbare, indigne de vous plaire, ■ Tous les crimes affreux que vous m’avez fait faire.

ADÉLAÏDE.

’Nemours est mort !… Nemours !

VENDÔME.

Oui, mais c’est de ta main

  • Que son sang veut ici le sang de l’assassin.