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ACTE II, SCÈNE V. 181

L’excès des passions ([iii dévorent une ànie ;

La nature à tous deux fit un cœur tout de llanime ;

Mon frère est mon rival, et je l’ai combattu ;

J’ai fait taire le san^ ; -, peut-être la vertu ;

Furieux, aveuglé, plus jaloux que toi-même.

J’ai couru, j’ai volé, pour t’ôter ce que j’aime.

Bien ne m’a retenu : ni tes superbes tours,

î\i le peu de soldats cpie j’avais pour secours.

Ni le lieu, ni le temps, ni surtout ton courage :

Je n’ai vu ([ue ma flamme, et ton feu qui m’outrage.

Je ne te dirai point (jue, sans ce même amour,

J’aurais, pour te servir, voulu perdre le jour ;

Que, si tu succombais à tes destins contraires,

ïu trouverais en moi le plus tendre des frères ;

Que Nemours, qui t’aimait, eût immolé pour toi

Tout dans le monde entier, tout, bors elle et mon roi.

Je ne veux point en lAclie apaiser ta vengeance :

Je suis ton ennemi, je suis en ta puissance ;

L’amour fut dans mon cœur plus fort que l’amitié ;

Sois cruel comme moi, punis-moi sans pitié ;

\ussi bien, tu ne peux t’assurer ta conquête,

Tu ne peux l’épouser, qu’aux dépens de ma tête.

A la face des cieux je lui donne ma foi ;

Je te fais de nos vœux le témoin malgré toi.

Frappe, et qu’après ce coup ta cruauté jalbuse

Traîne au pied des autels ta sœur et mon épouse !

Frappe, dis-je : oses-tu ?

LE DUC.

Traître ! c’en est assez. Qu’on l’ôte de mes yeux : soldats, obéissez !

SCENE V.

LE DUC, NEMOURS, DANGESTE, COUCV, suite

COUCY.

J’allais partir, seigneur ; un peuple téméraire Se soulève en tumulte au nom de votre frère. Le désordre est partout : vos soldats consternés Désertent les drapeaux de leurs chefs étonnés ;