Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCËNE II. 201

L I s [ s.

Il 011 est pou, madame, Contre les passions qui sul)juguent son Ame ; Kt son em|)ortomont a droit de ni’alarmor. Le prince est souix’onneux, et j’osai vous aimer.

  • (juels que soient les ennuis dont votre cœur soupire,
  • Je vous ai déjà dit ce que j’ai dû vous dire.

Laissez-moi ni(nai ; er son esprit ombrageux ; Je crains d’eirarouciier ses feux impétueux ;

  • Je sais à quel excès irait sa jalousie,
  • Quel poison mes discours répandraient sur sa vie :
  • Je vous perdrais peut-être, et mes soins dangereux,
  • Madame, avec un mot, feraient trois malheureux,
  • Vous, à vos intérêts rendez-vous moins contraire,
  • Pesez sans passion l’honneur ({u’il nous ^Cut faire.
  • Moi, libre entre vous doux, souffrez que, dès ce jour,
  • Oubliant à jamais le langago d’amour,
  • TOut entijcr à la guerre, et maître (\l’mon âme,
  • J’abandonne à leur sort et vos vœux et sa flamme.
  • Je crains de l’outrager ; je crains do vous trahir ;
  • Et ce n’est qu’aux combats que je dois le servir.
  • Laissez-moi d’un soldat garder le caractère,
  • Madame ; et puisque enfin la France vous est chère,
  • Rendez-lui ce héros qui serait son appui :
  • Je vous laisse y penser ; et je cours près de lui ’.

SCÈNE II.

AMÉLIE, TAISE.

AMÉLIE.

Ah ! s’il faut à ce prix le donner à la France,

Un si grand changement n’est pas en ma puissance.

Taise, et cet hymen est un crime à mes yeux.

I. « Ne vous flattez pas, écrit Voltaire au marquis de Thibouville à propos de cette scène, que je puisse fourrer vingt vers de tendresse dans une scène où les deux amants sont d’accord ; cela n’est bon que quand on se querelle. Vous avez beau me dire, comme milord Poterborougli à M"" Lccouvreur : « Allons, qu’on me montre « beaucoup d’amour et beaucoup d’esprit- » Il n’y aurait que de l’amour et do l’esprit perdus dans une scène qui n’est que d’expression, qui n’est que préparatoire, et où les deux parties sont du même avis. »