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226 LE DUC DE FOIX.
- Comme un bien de conquête, et qui n’est plus à moi.
- Jc vous devais l)eauconp ; mais une telle olïense
- Ferme à la fin mon cœur à la reconnaissance :
- Sacliez que des bienfaits qui font rougir mon front
- A mes yeux indignés ne sont plus qu’un affront.
- J"ai plaint de votre amour la violence vaine ;
- Mais, après ma pitié, n’attirez point ma haine.
- J’ai rejeté vos vœux, que je n’ai point bravés ;
- J"ai ^oulu votre estime, et vous me la de^ez.
LE DUC.
- Je vous dois ma colère, et sachez qu’elle égale
- Tous les emportements de mon amour fatale.
- Quoi donc ! vous attendiez, pour oser m’accabler,
- Que Vamir fût présent, et me vît immoler ?
- Vous vouliez ce témoin de l’affront que j’endure ?
- Allez, je le croirais Fauteur de mon injure
- Si… Mais il n’a point vu vos funestes appas ;
- Mon frère trop heureux ne vous connaissait pas.
- Nommez donc mon rival : mais gardez-vous de croire
- Que mon lâche dépit lui cède la victoire.
- Je vous trompais, mon cœur ne peut feindre longtemps
- Je vous traîne à l’autel, à ses yeux expirants ;
- Et ma main, sur sa cendre, î\ votre main donnée,
- Va tremper dans le sang les flambeaux d’hyménée.
- Je sais trop qu’on a vu, lâchement abusés,
- Pour des mortels obscurs des princes méprisés ;
- Et mes yeux perceront, dans la foule inconnue,
- Jusqu’à ce vil objet qui se cache à ma vue.
VAMIR.
- Pourquoi d’un choix indigne osez-vous l’accuser ?
LE DUC.
- Et pourquoi, vous, mon frère, osez-vous l’excuser ?
- Est-il vrai que de vous elle était ignorée ?
- Ciel ! à ce piège affreux ma foi serait livrée !
- Tremblez !
VAMIR.
Moi ! que je tremble ! ah ! j’ai trop dévoré
- L’inexprimable horreur où toi seul m’as livré.
- J’ai forcé trop longtemps mes transports au silence :
- Connais-moi donc, barbare, et remplis ta vengeance !
- Connais un désespoir à tes fureurs égal :
- Frappe, voilà mon cœur, et voilà ton rival !
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