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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/290

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LE BARON.

Ah ! vous veniez pour épouser ma fille : fort bien. Et comment vous nommez-vous, s’il vous plaît ?

LE COMTE.

Vous faites le mauvais plaisant, baron.

LE BARON.

Non, non, je voudrais savoir comment vous vous nommez.

LE COMTE.

Eh ! mais il y a quelque apparence que je me nomme le comte de Fatenville : nous sommes un peu plus connu à la cour qu’ici.

GOTTON, au baron qui est toujours à sa fenêtre.

Papa, voilà un impudent maroufle qui prend le nom de mon mari.

LE BARON, au comte.

Écoute : vois-tu les arbres qui ornent le dehors de mon château ; si tu ne te retires, voilà où je te ferai pendre.

LE COMTE.

Foi de seigneur, c’est pousser un peu loin la raillerie. Allons, allons, ouvrez, et ne faites plus le mauvais plaisant.

(Il heurte fortement à la porte.)
LE BARON.

Il fait violence ; tirez, Jérôme.

(Un coup d’arquebuse part de l’une des meurtrières du château, et tous les gens du comte se sauvent dans le bois voisin.)
LE PAGE.

Jarni ! on n’a jamais reçu de cette façon des gens de qualité. Sauvons-nous.

LE COMTE.

Mais ceci devient sérieux, ceci est une véritable guerre, ceci est abominable ; assurément, on en parlera à la cour.

LE BARON, à ses gens.

Enfants, voici le moment de signaler votre intrépidité. Il est seul ; saisissez-moi ce bohème-là, et liez-le-moi comme un sac[1] ? (Au comte, à haute voix.) Attendez, attendez, monsieur, on va vous parler.

LE COMTE.

À la bonne heure, il faut éclaircir cette affaire ; voilà des procédés fort particuliers, fort singuliers. Holà ! mes gens ! où sont donc mes gens ? que sont devenus mes gens ?

(Les portes du château s’ouvrent, le baron et tous ses gens sortent à la fois, et investissent le comte.)
  1. La fin de ce couplet et les quatre qui suivent ne sont pas dans le Comte de Boursoufle. (B.)