Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TRIGAUDIN.

C’est lui qui les a écrites.

LE BARON.

En voici une qu’il prétend que vous lui avez donnée pour moi.

TRIGAUDIN.

Elle est contrefaite.

LE BARON.

Il est tout couvert d’or et de bijoux.

TRIGAUDIN.

Il les a volés.

LE BARON.

Ses domestiques sont autour du château, et protestent qu’ils vengeront leur maître.

TRIGAUDIN.

Ne voyez-vous pas qu’il est le chef d’une bande de bohémiens ?

LE BARON.

Oui, vous avez raison ; je me suis d’abord aperçu que ce n’est point un homme de qualité, car il n’a rien de mon air ni de mes façons.

LE CHEVALIER.

Il est vrai.

LE BARON.

Je suis bien aise de confondre ce scélérat devant vous ; je veux vous le confronter, pour qu’il soit jugé selon les lois du royaume par monsieur le bailli, que j’attends ; et j’ai donné ordre qu’on nous amène le coupable.

LE CHEVALIER.

Vous voulez absolument que je parle à cet homme-là ?

LE BARON.

Assurément.

LE CHEVALIER.

Je ne veux point me compromettre avec un homme comme lui.

GOTTON.

Vous avez raison, monsieur le comte ; qu’avons-nous à faire avec cet homme-là ? Allons-nous-en plutôt dans ma chambre, et arrangeons tout pour notre départ.

TRIGAUDIN.

Ma foi : je ne me soucie pas trop non plus de lui parler, et vous permettrez…

(Ils veulent tous s’en aller ; le baron les retient.)