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ACTE I, SCtNE III. 327

Il est temps d’ajouter, par le droit de la guerre,

Ce qui manque au\ l^)mains des trois parts de la terre :

Tout est prêt, tout prévu pour ce vaste dessein ;

L’Euphrate attend César, et je pars dès demain.

Brutus et Cassius me suivront en Asie ;

Antoine retiendra la Gaule et l’Italie ;

De la mer Atlantique et des bords du Bétis,

Cimber gouvernera les rois assujettis ;

Je donne à Marcellus la Grèce et la Lycie,

A Décime le Pont, à Casca la Syrie.

Ayant ainsi réglé le sort des nations.

Et laissant Home heureuse et sans divisions,

11 ne reste au sénat qu’à jnger sous quel titre

De Rome et des humains je dois être l’arbitre.

Sylla fut honoré du nom de dictateur ;

Marins fut consul, et Pompée empereur.

J’ai vaincu ce dernier, et c’est assez vous dire

Qu’il faut un nouveau nom pour un nouvel empire,

Un nom plus grand, plus saint, moins sujet aux revers,

Autrefois craint dans Rome, et cher h l’univers.

Un bruit trop confirmé se répand sur la terre,

Qu’en vain Rome aux Persans ose faire la guerre ;

Qu’un roi seul peut les vaincre et leur donner la loi :

César va l’entreprendre, et César n’est pas roi ;

Il n’est (pi’un citoyen connu par ses services,

Qui peut du peuple encore essuyer les caprices…

Romains, vous m’entendez, vous savez mon espoir ;

Songez à mes bienfaits, songez à mon pouvoir.

CIMBER.

César, il faut parler. Ces sceptres, ces couronnes. Ce fruit de nos travaux, l’univers que tu donnes. Seraient, aux yeux du peuple et du sénat jaloux, Un outrage à l’État : plus qu’un bienfait pour nous. Marius, ni Sylla, ni Carbon, ni Pompée, Dans leur autorité sur le peuple usurpée. N’ont jamais prétendu disposer à leur choix Des conquêtes de Rome, et nous parler en rois. César, nous attendions de ta clémence auguste Un don plus précieux, une faveur plus juste, Au-dessus des États donnés par ta bonté…

CÉSAR.

Qu’oses-tu demander, Cimber ?