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328 LA MORT DE CÉSAU.

CIMBEH.

La libortr.

CASSIUS.

Tu nous l’avais promise, ot tu juras toi-même D’abolir pour jauiais lautorité suprême ; Et je croyais toucher à ce moment heureux Où le vainqueur du monde allait combler nos vœux. Fumante de son sang, captive, désolée, Rome dans cet espoir renaissait consolée. Avant que d’être à toi nous sommes ses enfants : "*^ Je songe à ton pouvoir ; mais songe à tes serments.

Bnuïus. Oui, que César soit grand ; mais que Rome soit libre. Dieux ! maîtresse de l’Inde S esclave au bord du Tibre ! Qu’importe que son nom commande à l’univers, Et qu’on l’appelle reine, alors qu’elle est aux fers ? Ou’ini])orte’à ma patrie, aux Romains que tu braves. D’apprendre que César a de nouveaux esclaves ? Les Persans ne sont pas nos plus fiers ennemis ; Il en est de plus grands. Je n’ai point d’autre avis.

CÉSAR.

Et toi, Rrutus, aussi"- !

ANTOINE, à César.

Tu connais leur audace : Vois si ces cœurs ingrats sont dignes de leur grâce.

CÉSAR.

Ainsi vous voulez donc, dans vos témérités. Tenter ma patience et lasser mes bontés ? Vous qui m’appartenez par le droit de l’épée, Rampants sous Marius, esclaves de Pompée ; Vous qui ne respirez qu’autant que mon courroux. Retenu trop longtemps, s’est arrêté sur vous : Républicains ingrats, qu’enhardit ma clémence, Vous qui deva-nt Sylla garderiez le silence ;

1. L’Inde ne peut passer ici qu’à la faveur d’une espèce d’emphase poétique, car jamais les Romains n’approchèrent de l’Inde avant Trajan ; peut-être eût-il mieux valu dire : Maîtresse de l’Asie. (Lah.vrpe.)

’2. C’est le mot de Gcsar lorsqu’il aperçut Brutiis à la tête des conjurés. M. de Voltaire l’a place dans cotte scène, et y a substitué, dans le récit de la mort de César, ce tableau touchant :

César, le regardant d’un œil tranquille et doux, Lui pardonnait encore en tomb : int sous ses coups.

O mon fils ! » disait-il, etc. (K.)